Le zoo de Vincennes s'apprête à devenir plus vrai que nature
Publié le 06/12/2011 à 12:48
La première pierre de cet ambitieux chantier est posée mercredi après-midi pour une réouverture prévue en avril 2014.
Encore 27 longs mois à patienter avant de découvrir les nouvelles histoires naturelles du zoo de Vincennes. La bonne nouvelle, c'est que les premiers coups de pioches ont enfin été donnés et que la première pierre de ce chantier de 167 millions d'euros est posée cet après-midi à 15 heures, en présence du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Laurent Wauquiez.
«C'est le symbole d'une véritable renaissance», s'enthousiasme Thomas Grenon, le directeur général du Muséum national, en charge du monument parisien fermé depuis 2008 suite à la dégradation des infrastructures. «Lors de l'enquête publique diligentée cet été, nous avons recueilli 70% d'avis favorables et le permis de construire n'a été entravé par aucun recours, précise-t-il. Ce sont deux signes très positifs.»
Biodiversité
Un plébiscite populaire qui s'explique sans doute par la nature même du projet de reconversion: «Au XXe siècle, le zoo s'apparentait davantage à une collection d'animaux juxtaposés, exhibés dans des cages. Demain, le visiteur sera invité à entrer dans le paysage, chez l'animal transformé pour l'occasion en ambassadeur de la biodiversité plutôt qu'en objet de curiosité», détaille Thomas Grenon.
En clair, finis les clôtures et les grillages. En avril 2014, les spectateurs seront immergés dans cinq biozones, au cours d'un «voyage planétaire» censé les sensibiliser à la fragilité des écosystèmes et à la préservation des 170 espèces présentées. Bref, aux enjeux environnementaux de la planète. Et pour que le dépaysement soit complet, la végétation gagnera aussi du terrain: 40% d'arbres et d'arbustes supplémentaires vont être plantés. De quoi, en somme, transformer ce parc animalier de 14,5 hectares en zoo exemplaire du XXIe siècle.
Au zoo de Vincennes, la future serre tropicale émerge
- Publié le 16/10/2012 à 19:41
La serre tropicale haute de 16 mètres, en cours de construction, abritera à terme des petits singes évoluant dans une jungle recréée. Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro
Démarrée en septembre 2011, l'ambitieuse transformation du parc animalier devrait s'achever au terme de 27 mois de travaux. Visite guidée un an et demi avant réouverture.
Pas de grands koudous ni de zèbres à l'horizon. Aucun lion rugissant non plus. Seulement des tractopelles, des camions et plus de 350 ouvriers casqués. Journée ordinaire au zoo de Vincennes, depuis sa mise en chantier en septembre 2011.
Si ce n'était le grand rocher, emblème du parc qui pointe au loin à 65 mètres de haut, difficile de se repérer dans ce vaste terrain de 15 hectares, parfaitement sens dessus dessous. «Plus qu'une rénovation, c'est une renaissance», insiste Thomas Grenon, le directeur général du Muséum national d'histoire naturelle. Au vu des changements en cours, on imagine aisément.
Exit cette fois les espèces montrées côte à côte dans un décor uniforme de faux rochers. Place au zoo du XXIe siècle, véritable outil de conservation et de recherche destiné à sensibiliser le public. Les visiteurs y seront immergés dans des paysages évoquant cinq zones géographiques de la planète. Ils chemineront sur un parcours de 4 kilomètres entre la Patagonie, le Sahel, l'Amazonie, l'Europe ou encore Madagascar. Surtout, ils deviendront les «invités» du millier d'animaux et des 179 espèces évoluant dans ces «biozones».
«Compte tenu de sa superficie restreinte, ce parc animalier restera un zoo urbain, concède Thomas Grenon. Mais tout y est conçu pour s'évader de la ville, inviter au voyage et partir à la découverte du globe.» Ce tour du monde de la nature s'apparenterait-il surtout à un tour de force pour les concepteurs? Sûrement.
«En amont du chantier, nous avons organisés pas moins de 200 réunions de travail avec les équipes du Muséum», glisse Christophe Soisson, le président du groupement Chrysalis, maître d'ouvrage de la rénovation. Confirmation également de Bernard Tschumi, l'architecte en charge du projet. «Un zoo, c'est très complexe, reconnaît-il. C'est à la fois un hôpital, un centre de recherche, un restaurant, un cirque. Ici, par exemple, il a fallu dissimuler dans le décor 24 bâtiments techniques.»
Les girafes, «vigies du chantier»
Afin de recréer les milieux naturels, 2250 arbres, en plus des 800 existants et 155.000 arbustes seront aussi plantés. La surface arborée doit ainsi s'accroître de 40 %. «Avant, explique Véronique Descharrières, du bureau d'architectes Bernard Tschumi, le zoo de Vincennes était un site extrêmement plat. Demain, il offrira des reliefs et des points de vue, un cheminement sinueux aussi, l'idée étant de constituer des écrins pour chaque biozone et d'immerger au maximum les visiteurs.» Mais qu'on ne s'y trompe pas: «nous sommes ici dans la mise en scène du monde vivant, dans l'évocation plus que dans une stricte reconstitution», tient à préciser Jacqueline Osty, la paysagiste.
Au pied du grand rocher, l'ancienne fauverie est en train de laisser place à une volière de 2000 m² où atterriront notamment 150 flamands roses. Un peu plus loin, on peut déjà découvrir la grande serre tropicale, sorte d'immense bulle de verre haute de 16 mètres et constituée de 6000 panneaux translucides. «Elle a des proportions dignes de celle du Grand Palais», se félicite Bernard Tschumi. Elle abritera, outre des petits singes, 140 manguiers, palmiers et autres palétuviers, plantés de manière très dense afin de recréer la verticalité d'une jungle.
Après 27 mois de travaux, le chantier, «qui est dans les délais» d'après Thomas Grenon, devrait se clôturer en novembre 2013. D'ici là, les animaux seront réintroduits progressivement avant que le zoo ne rouvre ses portes en avril 2014, soit quatre-vingts ans après son inauguration dans les années 1930. Les concepteurs du projet tablent sur 1,8 million de visiteurs par an. Ces derniers devraients acquitter un droit d'entrée de 13 euros.
Pour l'heure, seules 16 girafes sont restées sur place. «Elles sont un peu les vigies du chantier», s'amusent Fabrice Bernard, le responsable animalier du zoo de Vincennes depuis quatorze ans. Chantier qui ne semble pas les avoir stressées outre mesure. La preuve? Trois naissances ont eu lieu cet été. Pas de stress en vue non plus lors du déménagement jusqu'à leur futur enclos, prévu après les travaux: le trajet de 500 mètres s'effectuera en camion. Et pour ne pas les effrayer, les soigneurs entraînent déjà les girafes à s'introduire dans un sas…
Au zoo de Vincennes, la future serre tropicale émerge