Thierry Le Luron
Thierry Le Luron (né le 2 avril 1952 à Paris, mort le 13 novembre 1986 à Boulogne-Billancourt) est un imitateur, chanteur, humoriste et animateur de radio français.
À l'âge de 17 ans, Thierry Le Luron, élève du lycée Emmanuel-Mounier à Châtenay-Malabry, crée un groupe de musiciens avec des copains (Les rats crevés) et présente son spectacle sur quelques scènes dans les Hauts-de-Seine et les alentours1. Il fait ses débuts dans plusieurs cabarets parisiens, dont l'Échelle de Jacob, en 1969. Le grand public le découvre le 4 janvier 1970 lors du Jeu de la chance, une séquence de l'émission télévisée Télé Dimanche qu'il gagne six fois consécutives en chantant des airs plutôt classiques avant de se consacrer à l'imitation. Il interprète ses premiers sketches dans la même émission, entre autres le 1er février 1970 (imitation d'Adamo) ou encore le 15 février 1970, pour l'anniversaire de Jean Nohain où il imite Jacques Chaban-Delmas et Jean Nohain.
En 1971, il sort son premier disque Le Ministère patraque, qui rencontre un grand succès. Il donne son premier spectacle en tant que vedette à Bobino en février-mars 1972 puis assure la première partie du spectacle de Claude François lors d'une tournée à l'été 1972.
De novembre 1972 à juillet 1973, il anime sa première émission sur la première chaîne française : Le Luron du dimanche. Il crée la même année son nouveau spectacle au théâtre des Variétés.
Thierry Le Luron teste chaque soir auprès de ses amis ses derniers portraits féroces. La « bande de Le Luron » comprend notamment Jacques Collard, Jacques Pessis, Pierre Guillermo, François Diwo et Luc Fournol et Bernard Mabille. Au cours de joyeuses agapes dans le restaurant Le Chamarré de Jacques Collard, puis à l'Alcazar de Jean-Marie Rivière, et enfin Chez Castel, les portraits, imitations et sketches sont peaufinés et donnent naissance à des spectacles très élaborés : l'Olympia (décembre 1976), Bobino (février-avril 1978), théâtre Marigny (octobre 1979-juin 1980), Thierry Fééries au Palais des congrès de Paris (novembre 1980-janvier 1981), De de Gaulle à Mitterrand au théâtre Marigny (janvier-décembre 1983), Le Luron en liberté au théâtre du Gymnase Marie Bell (novembre 1984-mars 1986).
Ce dernier spectacle attire 400 000 spectateurs2. Il collabore alors principalement avec Bernard Mabille et crée le personnage d'Adolf Bénito Glandu, concierge rue de Bièvre3, « caricature assez poussée du Français moyen : un individu sans credo particulier, influencé par les événements, et que Le Luron définit ainsi : pétainiste sous Vichy, gaulliste sous le général et socialiste du 10 au 11 mai ! »2.
Il poursuit en même temps une intense activité à la télévision et à la radio : Chat en poche de Georges Feydeau dans le cadre d'Au théâtre ce soir (diffusé le 24 octobre 1975), Numéro 1 de Maritie et Gilbert Carpentier (mars 1976 et juin 1979), C'est du spectacle (1980-1981), etc. De 1978 à 1979, il anime une émission hebdomadaire, Les Parasites sur l'antenne, sur France Inter avec notamment Pierre Desproges, Lawrence Riesner, Bernard Mabille et Évelyne Grandjean comme chroniqueurs. En 1981, il enregistre le générique de la série animée télévisée Rody le petit Cid4.
Connu pour ses imitations de Valéry Giscard d'Estaing lorsque celui-ci était président de la République (1974-1981), Thierry Le Luron parodie en direct Gilbert Bécaud, lors de l'émission Champs-Élysées du 10 novembre 1984, en chantant et faisant chanter au public L'Emmerdant, c'est la rose – la rose étant le symbole du Parti socialiste, au pouvoir depuis 1981 ; il dédie cette chanson au président François Mitterrand5.
Le 25 septembre 1985, il « épouse pour le meilleur et pour le rire » en grande pompe un Coluche travesti en mariée, parodie du mariage d'Yves Mourousi qui doit avoir lieu trois jours plus tard à Nîmes. Le Luron déclare : « la future madame Mourousi est sûre d'avoir les deux oreilles »6. Cette déclaration et ce faux mariage lui-même sont souvent interprétés comme une pique envers Yves Mourousi et un mariage soupçonné d'être de pure forme, ce dernier étant plutôt connu, dans le Tout-Paris du moins, pour ses aventures masculines7.
À la fin de l'année 1985, Thierry Le Luron est hospitalisé et tombe dans le coma pendant trois jours8. Il est ensuite contraint d'annuler plusieurs représentations et apparaît affaibli.
Il meurt à l'âge de 34 ans à la clinique du Belvédère à Boulogne-Billancourt, officiellement d'un cancer des cordes vocales. Avant la mort de l'humoriste, son médecin, le professeur Léon Schwartzenberg, avait affirmé qu'il s'agissait d'un cancer et démenti les rumeurs selon lesquelles il était atteint du sida9,10. En effet, plusieurs sources évoquent le fait que le sida soit la véritable cause de son décès11,12, notamment du fait de la mort, un an et demi plus tard, en mars 1988, de son compagnon, Daniel Varsano, de cette maladie. Cette version est confirmée, d'abord en 2010 lors de l'émission de TF1 Sept à huit, par celle qui fut son amie, Line Renaud13, puis par plusieurs de ses proches (Hervé Hubert, Bernard Mabille, Paul Lederman), témoignant dans le documentaire de France 2 Un jour, un destin diffusé en 201114.
Il repose au cimetière de La Clarté à Perros-Guirec dans les Côtes-d'Armor. Une rue porte son nom à Levallois-Perret
- L'emmerdant, c'est la rose, détournement de L'Important, c'est la rose de Gilbert Bécaud
- Le Ministère patraque de Jacques Chaban-Delmas, détournement de Je n'suis pas bien portant de Gaston Ouvrard
- Souvenirs, attention danger, chanson sur Jean-Marie Le Pen, détournement d'une chanson de Serge Lama
- Les Gros Mots, détournement de Les Petits Mots, de Dalida
- Le Silence, détournement de Lettre à France, de Michel Polnareff
- Chi Chi Valentino, parodie de Gigi l'Amoroso, de Dalida
- Chez les Fafa, chanson sur Laurent Fabius, détournement de Ces gens-là de Jacques Brel
- La vérité est belle, détournement de la chanson La Montagne de Jean Ferrat.
Émissions de télévision[modifier]
- En avril 1991, sur La Cinq, « Coluche-Le Luron Pour toujours » ou « Coluche, Le Luron, est-ce bien raisonnable ? », présente de nombreux sketchs et extraits de spectacles des deux comiques et se termine par le mariage public de Coluche et Le Luron15 16
- Jacques Collard et Pascal Djemaa, Mémoire de Thierry le Luron, éditions Autres temps, coll. « Temps Mémoire », 2006, 205 p. (ISBN 284521278X et 978-2845212787)
- Thierry Le Luron, Guy Montréal, Comme trois pommes, Flammarion, Paris, 1978, 268 p.
- Thierry Le Luron, Luc Fournol, L'Épingleur épinglé, éd. Sylvie Messinger, s.l., 1984 (ISBN 2865830462 et 978-2865830466)
- Bernard Mabille, Il m'appelait Maboule…, Seghers & Club des stars, Paris, 1987, 201 p. (ISBN 2232101177 et 9782232101175)
- Jean-Pierre Mogui, Le Phénomène Thierry le Luron – Vedette à la une, éd. Saint-Germain-des-Près, Paris, 1971
- Bernard Moncel, Thierry le Luron, l'inimitable imitateur, Édition no 1, 1994 ; rééd. mars 2001 (ISBN 286391630 et 978-2863916308)
- Jacques Pessis, (préface de Patrick Poivre d'Arvor), La France de Thierry le Luron, SW Télémaque, Paris, 2006, (ISBN 2753300380 et 978-2753300385)
- Sparafucil Franco, Thierry, notre luron, Édition no 1, 1986
- Robert Lassus, Les Fausses Conférences de presse de Thierry Le Luron, Robert Laffont, 1985
- Jacques Pessis et Jacques Collard, Les Années Thierry, Michel Lafon, 1996, 2258 p. (ISBN 2840982099 et 9782840982098)
- Martine Le Luron, La vie est si courte après tout, éd. JC Lattès 17, 2013 (ISBN 2709639513 et 978-2709639514)
- Livres partiellement consacrés à Thierry le Luron
- Fabien Lecœuvre et Bruno Takodjerad, Les Années roman-photos, éd. Veyrier, Paris, 1991
- Alain Rustenholz, Morts de rire : Reiser, Coluche, Le Luron, Desproges, 1968-1988, éd. Stock, Paris, novembre 1997 (ISBN 2234048257 et 978-2234048256)
- Loïc Sellin et Bertrand Tessier, La Fureur de vivre. Les Héros de notre génération, éd. Jean-Claude Lattès, 1993
Notes et références[modifier]
- Article et documents sur le groupe [archive] sur thierryleluron.net
- ↑ a et b Georges Cohen, « Thierry Le Luron », Universalia, 1987, p. 585.
- En référence à la rue où se trouvait le domicile personnel de François Mitterrand
- (fr) Générique Rody le petit Cid [archive] sur coucoucircus.org
- « Thierry Le Luron : "L'emmerdant c'est la rose" » [archive], ina.fr.
- Philippe Boggio, « Coluche », Flammarion, 1991
- Yves Mourousi, son goût pour la télé, la fête et les garçons [archive] sur tetu.com, 24 avril 2010
- Un jour, un destin, diffusé sur France 2 en 2011.
- Dominique Simonnot et Eric Favereau, « Léon Schwartzenberg, l'engagé volontaire [archive] » sur Libération, 15 octobre 2003. Consulté le 23 janvier 2012
- Le professeur Schwartzenberg : « Cela n'a rien à voir avec le sida » [archive], VSD. Consulté le 23 janvier 2012. À la suite de cette déclaration, il est sanctionné par le Conseil de l'ordre pour avoir brisé le secret médical.
- Florimond Rakotonoelina, « Aspects du témoignages dans la presse écrite : L'Exemple de la journée mondiale du sida » in Rencontres discursives entre sciences et politique dans les médias : Spécificités linguistiques et constructions sémiotiques, Fabienne Cusin-Berche (dir.), Centre d'études sur les discours ordinaires et spécialisés - Université de Paris III, Presses Sorbonne Nouvelle, 2000 (ISBN 2878541995), p. 97
- Alain Miguet, « Questions à Nathalie Kosciusko-Morizet, député UMP de l'Essonne » [archive], Sida info-service, 28 novembre 2006
- Line Renaud parle de la mort du sida de Thierry Le Luron dans « Sept à huit » [archive]
- France 2 : Thierry Le Luron censuré par sa famille [archive] sur lepoint.fr, 10 septembre 2011
- sur le site de [http://www.editingproductions.com/ [archive], le 24 septembre 2012
- sur le site de [http://www.humanite.fr/ [archive], le 24 septembre 2012
- http://www.editions-jclattes.fr/livre-la-vie-est-si-courte-apres-tout-martine-simon-le-luron-422134 [archive]