2015-09-13
La ville de Munich en Allemagne se retrouve dimanche saturée par l'afflux de milliers de réfugiés, à la veille d'une réunion des ministres de l'Intérieur et de la Justice des 28 à Bruxelles, pour tenter de résorber la crise migratoire "sans précédent" qui touche l'Union européenne.
Munich qui a accueilli 12.200 réfugiés durant la seule journée de samedi, est arrivée dimanche "à la limite" de ses capacités d'accueil. "Il est tout à fait clair que nous sommes arrivés à l'extrême limite de nos capacités" pour prendre en charge les demandeurs d'asile qui affluent depuis les Balkans via la Hongrie puis l'Autriche, a déclaré la police munichoise.
"Très près d'une catastrophe humanitaire"
Durant la nuit, quelques dizaines de demandeurs d'asile ont dû dormir dehors à même le sol sur des matelas isotherme et avec des couvertures, faute de place dans les centres, a précisé la radio-télévision publique bavaroise BR, en soulignant sur son site internet que la capitale bavaroise était "passée très près d'une catastrophe humanitaire".
Nouveau record en Hongrie
En Hongrie aussi, un nouveau record d'arrivées de migrants a été enregistré samedi, avec 4.330 réfugiés entrés dans un pays devenu le symbole - à l'inverse de l'"Eldorado allemand" - d'une ligne dure face au flux de migrants. Budapest prévoit de fermer hermétiquement sa frontière avec la Serbie à partir du 15 septembre avec une double ligne de fils de fer barbelés.
Lundi, les ministres de l'Intérieur et de la Justice des 28 pays de l'UE doivent tenir une réunion d'urgence à Bruxelles face à cette crise migratoire "qui a pris des proportions sans précédent", selon un communiqué du gouvernement luxembourgeois, qui assure la présidence tournante de l'Union.
"Echec complet" du contrôle aux frontières
En prémices, le ministre allemand des Transports Alexandre Dobrindt a pointé dimanche l'"échec complet" du contrôle aux frontières extérieures de l'Union, c'est-à-dire notamment à la frontière entre la Turquie et la Grèce, par où affluent des milliers de réfugiés ces dernières semaines. "Des mesures efficaces sont à présent nécessaires pour stopper l'afflux", a écrit M. Dobrindt. Selon lui, les "limites de capacité" d'accueil de l'Allemagne "sont atteintes".
Angela Merkel, surnommée "maman" par des réfugiés
Samedi, Angela Merkel, surnommée "maman" par nombre de réfugiés depuis qu'elle a décidé de leur ouvrir largement son pays, avait demandé des efforts à la Grèce pour mieux protéger les frontières extérieures de l'UE. L'Allemagne qui attend un record de 800.000 demandeurs d'asile cette année, souhaite également renforcer "d'urgence" le dialogue avec la Turquie, par où passent nombre de réfugiés, venant de Syrie notamment.
"La vie des réfugiés compte"
De Londres à Copenhague, les opinions publiques de plusieurs pays d'Europe occidentale se sont mobilisées samedi en demandant plus de générosité pour l'accueil des réfugiés. Derrière des banderoles "Ouvrez les frontières" ou "La vie des réfugiés compte", des dizaines de milliers de personnes ont défilé.
A Londres, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté. Au Danemark, dont les autorités cherchent à bloquer le flux de migrants, 30.000 personnes ont défilé à Copenhague. Ils étaient plusieurs milliers à Madrid, un millier à Stockholm, autant à Helsinki et à Lisbonne. A Athènes, les manifestants portaient des panneaux en anglais portant les inscriptions "Ouvrez les frontières" et "Non à la forteresse Europe".
En France, les appels à manifester n'ont suscité qu'une faible mobilisation: le principal rassemblement a réuni quelque 700 personnes à Nice (sud-est), davantage qu'à Paris et Lyon (centre), mais le gouvernement a annoncé une augmentation à venir des capacités d'accueil des migrants.
Le ton change à Varsovie
Le ton change de l'autre côté de l'ex-rideau de fer: à Varsovie, plusieurs milliers de personnes arboraient des banderoles "L'islam, c'est la mort de l'Europe". "Nous sommes là pour que (...) la décision d'accueillir les musulmans soit abandonnée", a lancé l'un des organisateurs à la foule, qui a fait une prière à la Vierge Marie. Varsovie a accepté d'accueillir 2.000 réfugiés mais refuse la logique des quotas prônée par Bruxelles.
D'autres manifestations du même type, réunissant des centaines de participants, ont eu lieu à Bratislava et Prague, où les orateurs ont appelé le gouvernement à quitter l'UE.
Chef de file de la ligne dure, le Premier ministre populiste Viktor Orban réclame une aide européenne de 3 milliards d'euros pour que les pays voisins de la Syrie: Turquie, Liban et Jordanie, qui hébergent à eux seuls quatre millions de réfugiés, puissent faire face à leurs obligations.
Les pays du Golfe ont été récemment mis en cause
Alors que les pays du Golfe ont été récemment mis en cause pour ne pas accueillir assez de réfugiés, l'Organisation de la coopération islamique (OCI), doit tenir une réunion extraordinaire à Jeddah en Arabie Saoudite sur la crise des migrants.
Plus de 430.000 migrants et réfugiés ont traversé la Méditerranée depuis janvier, et près de 2.748 y ont péri ou disparu, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). La moitié de ceux qui sont arrivés sont des Syriens fuyant les bombardements du régime et les exactions des jihadistes, dans un pays où plus de la moitié de la population a dû quitter son foyer depuis le début du conflit en 2011.
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