Le suicide du médecin de "Koh-Lanta" pourrait signer la fin du jeu phare de TF1
LE MONDE | 02.04.2013 à 12h00 • Mis à jour le 02.04.2013 à 15h50 Par Guillaume FraissardLa chaîne a annulé la seizième édition de Koh-Lanta en cours de tournage, dont la diffusion était prévue en juin, pour treize semaines d'antenne. | D.R.
L'émission de télé-réalité "Koh-Lanta", diffusée par TF1, est à nouveau endeuillée. Après le décès d'un candidat, Gérald Babin, le 22 mars au Cambodge, sur les lieux de tournage de la seizième édition, le docteur Thierry Costa, 38 ans, médecin attitré de la production, s'est donné la mort, lundi 1er avril, dans son hôtel à Sihanoukville (Cambodge). Il a invoqué, pour expliquer son geste, les "accusations et suppositions injustes proférées à encontre".
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Ce suicide pourrait signer l'arrêt définitif du jeu phare de la chaîne privée, adapté du format américain "Survivor" et diffusé depuis août 2001. La direction de TF1 a indiqué qu'"il est beaucoup trop tôt" pour prendre une décision. La chaîne a déjà annulé cette seizième édition en cours de tournage, dont la diffusion était prévue en juin, pour treize semaines d'antenne.
"Depuis vingt ans que j'ai débuté la médecine, je me suis toujours attaché à travailler beaucoup, avec respect de mon patient et amour de la médecine, en adéquation avec le serment d'Hippocrate, a écrit M. Costa, dans une lettre qu'il a souhaité rendre publique. J'ai cette sensation aujourd'hui que tous ces efforts ont été réduits à néant par des articles mensongers."
Dans un communiqué, Adventure Line Productions (ALP) a salué le "très grand professionnalisme" de M. Costa, chargé, depuis quatre ans, de veiller sur la santé des candidats, et a estimé que "cet événement tragique doit inciter ceux qui accusent et commentent sans discernement à faire preuve de responsabilité".
Interrogé dans le journal de 20 heures de TF1, lundi 1er avril, Franck Firmin-Guion, patron d'ALP, a fait part de sa "colère" contre "les témoignages anonymes, et contre des allégations mensongères".
Nonce Paolini, PDG de TF1, s'en est lui aussi pris aux "auteurs des propos anonymes tenus sur les circonstances du décès de Gérald Babin", ainsi qu'à "ceux qui les ont colportés, avant même que toute la lumière ait été faite sur ce drame".
"UNE ÉQUATION DÉLICATE"
Mercredi 27 mars, plusieurs rédactions, dont celle du Monde, ont reçu un courriel anonyme accusant l'équipe de production de l'émission de négligence et mettant en cause l'impréparation du premier jour de tournage.
Ce témoignage pointait l'arrivée tardive du médecin pour porter secours à M. Babin, 25 ans, mort d'une crise cardiaque quelques heures après un malaise lors de la première épreuve du jeu.
Suite à ce témoignage repris sur plusieurs sites Internet, ALP a décidé de porter plainte pour diffamation, dénonçant une "accusation mensongère et odieuse, relayée par différents médias".
La société a aussi annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire pour connaître "toute la vérité sur les causes et circonstances du décès de M. Babin", assurant que "toutes les règles de sécurité ont été respectées".
Si les autorités cambodgiennes ont classé l'affaire de la mort de M. Babin, concluant à une "mort naturelle", le parquet de Créteil à ouvert, le 28 mars, une enquête préliminaire pour homicide involontaire afin d'établir les causes de sa mort. L'enquête a été confiée à l'Office central de recherche des violences faites aux personnes de la police judiciaire parisienne.
L'autopsie pratiquée le 29 mars n'a révélé, selon RTL, aucune anomalie cardiaque. Des tests toxicologiques sont toujours en cours.
La quizième saison de "Koh-Lanta", diffusée entre novembre 2012 et février 2013, avait été regardée par plus de sept millions de téléspectateurs, soit 30 % de part d'audience en moyenne. Chaque épisode rapporte près de 3,5 millions d'euros de recettes publicitaires. Un arrêt de l'émission serait donc une décision lourde de conséquences pour TF1.
Pour François Jost, professeur en science de l'information et de la communication à l'université Paris-III et auteur de plusieurs ouvrages sur la télé-réalité, ces affaires "tombent mal pour l'image de marque de TF1".
"Si la chaîne a beaucoup assagi ses émissions de télé-réalité, notamment Secret Story, elle se retrouve face à une équation délicate, souligne-t-il. Soit elle fait des jeux bon enfant et le public risque d'aller voir ailleurs, soit elle mise sur la difficulté, les épreuves physiques comme dans Koh-Lanta, ou Splash : le grand plongeon, et là, il en va de sa responsabilité et de celle des producteurs."
Le suicide du médecin de "Koh-Lanta" pourrait signer la fin du jeu phare de TF1
Depuis son apparition, la télé-réalité suscite la polémique
LE MONDE | 02.04.2013 à 12h14 • Mis à jour le 02.04.2013 à 15h50 Par Guillaume FraissardEn février, Alexis Coquet, l'un des entraîneurs du programme "Splash : le grand plongeon", a lancé une mise en garde sur les risques potentiels de ce concours de sauts en piscine, diffusé sur TF1. | TF1
La mort de Gérald Babin, le 22 mars, lors du tournage de la seizième édition de "Koh-Lanta" au Cambodge, est le premier décès survenu au cours d'une émission de télé-réalité en France.
Lors de la saison précédente, les images de plusieurs candidats, très amaigris, faute d'avoir réussi à gagner leur nourriture, avaient suscité un début de polémique sur les dangers potentiels de l'émission.
En mai et août 2009, deux candidats de la version bulgare et de la version pakistanaise de ce jeu d'aventures avaient trouvé la mort (crise cardiaque aux Philippines, noyade en Thaïlande). Preuve que ces émissions de divertissement ne sont pas sans risques pour la santé de ceux qui y participent.
En février, Alexis Coquet, l'un des entraîneurs du programme "Splash : le grand plongeon", a lancé un...