En 1999, mon compagnon et moi avons acheté une maison pour 150.000 euros. Il a payé 35.000 euros et moi, 15.000 euros. Nous avons emprunté ensemble 100.000 euros sur 20 ans. Comme je n'ai pas de revenus stables, il payait plus que moi. Nous avons trois enfants, et nous allons nous séparer. Que faire de la maison?
La solution la plus facile, consiste à vendre la maison. Mais ce n'est souvent pas la solution idéale, surtout si vous avez des enfants. Après la vente de la maison, vous devrez partager ce que vous aurez en mains.
Imaginons que votre maison vaille aujourd'hui 300.000 euros. Vous devrez d'abord rembourser le solde de votre emprunt. Prenons l'hypothèse que vous devez encore 50.000 euros à la banque. Ensuite, vous reprenez les 15.000 euros, et votre ex-compagnon les 35.000 euros que vous avez respectivement apportés en 1999. Les 200.000 euros restants devront être partagés en deux parts égales. Même si les remboursements n'ont pas été effectués sur la base de 50/50? "Dans ce cas, il peut y avoir des discussions", explique le notaire Maarten Duytschaever. "Mais le tribunal optera le plus souvent pour un partage à 50/50, certainement en cas de mariage ou de cohabitation légale. Et même en cas de cohabitation de fait, j'ai rarement vu une autre clé de répartition".
Taxe sur les distributions
Votre ancien conjoint peut racheter votre part de l'habitation, ou vice versa. "Depuis août 2012, c'est devenu beaucoup plus cher en Flandre" (les droits d'enregistrement d'application dans ce cas de figure sont passés de 1% à 2,5%) . Il s'agit de la taxe due en cas de "sortie d'indivision", appelée aussi "taxe sur la misère" ou "taxe sur le divorce". "Il existe malgré tout une mesure de faveur, en cas de divorce ou lorsque l'on met fin à une cohabitation légale: un abattement de 50.000 euros, plus 20.000 euros par enfant à charge. Qu'est-ce que cela signifie concrètement? Si votre maison vaut 300.000 euros, vous pouvez retirer 110.000 euros (50.000 + 3 x 20.000). Vous devrez donc payer des droits d'enregistrement de 1% en Wallonie et à Bruxelles (de 2,5% en Flandre) sur les 190.000 euros restants. Hélas, si vous étiez cohabitants légaux, vous n'aurez pas droit à ces abattements".
Combien les ex-conjoints doivent-ils se rembourser mutuellement? Si l'on prend la valeur estimée de 300.000 euros moins les 50.000 euros de l'emprunt, cela donne 250.000 euros. Votre ex-compagnon a payé 20.000 euros de plus au début, ce qui signifie qu'il devra vous payer 115.000 euros en cas de rachat, et vous lui devrez 135.000 euros si c'est vous qui rachetez le bien. Le conjoint qui rachète la maison devra continuer à rembourser le prêt. "Et l'autre devra demander à la banque d'être dispensé du remboursement de l'emprunt. Cela ne se fait pas automatiquement, et bien entendu, la banque préfère avoir deux garanties", explique le notaire.
Attendre que votre situation s'améliore
Une autre possibilité, c'est que votre ancien conjoint et vous-même décidiez de rester en indivision. Vous pouvez mettre sur papier que vous (ou votre ex-conjoint) restez dans la maison, pour une période de cinq ans, qui peut être reconduite tacitement. Et entretemps, rien ne change. Ce type d'accord donne aux conjoints qui ne sont pas en mesure de racheter la part de l'autre, la possibilité de "se refaire" financièrement durant cette période. Les coûts sont beaucoup moins élevés qu'en cas de rachat-revente. Vous ne payez que 25 euros de droits d'enregistrement, des frais d'acte notarié (entre 600 et 1.000 euros), et des honoraires limités. "Dans la pratique, je constate que cette option est surtout temporaire, et que finalement, les gens optent le plus souvent pour une vente ou un rachat", poursuit le notaire.
Monique Van Eyken, du bureau de médiation Apart, fait le même constat: cette solution est souvent choisie durant la période de transition. "Les gens ne veulent plus investir dans une grande habitation. Quand les enfants quittent la maison, ils vendent l'habitation familiale et achètent quelque-chose de plus petit". En tant que médiatrice, elle cherche une solution sur mesure pour les anciens conjoints: "Celui qui reste dans la maison paie un loyer à celui qui s'en va. Pour calculer ce loyer, on évalue la valeur locative du bien, et la moitié de la somme représente le loyer dû à l'ex-conjoint qui va habiter ailleurs. C'est la formule standard. Mais dans la pratique, il en va souvent autrement. Vous devez rechercher un consensus: qu'est-ce qui est équitable? Les anciens conjoints qui restent en indivision doivent mettre un certain nombre de choses sur papier, estime Monique Van Eyken. Qui paiera les frais d'habitation? Et les frais de propriétaire? Qui continue à rembourser l'emprunt? Et quid si on se remet en ménage avec quelqu'un d'autre?"
Donation
Que se passe-t-il si aucun accord n'est trouvé ? Une autre possibilité, c'est de donner la maison à ses enfants. Mais le notaire Maarten Duytschaever estime que c'est une mauvaise idée. "Il s'agit la plupart du temps d'enfants mineurs. De plus, cette maison est souvent le seul bien des parents, qui cèdent alors leur patrimoine. C'est quelque-chose que je déconseille systématiquement".
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