2014年10月11日星期六

S’il ne fallait lire que cinq livres de Patrick Modiano

 

S’il ne fallait lire que cinq livres de Patrick Modiano

Le Monde.fr | 10.10.2014 à 21h33 • Mis à jour le 11.10.2014 à 11h57 | Par Denis Cosnard

Patrick Modiano, lauréat du prix Nobel de littérature 2014, est l'auteur d'une trentaine de romans.  REUTERS/Charles Platiau Patrick Modiano, lauréat du prix Nobel de littérature 2014, est l'auteur d'une trentaine de romans. REUTERS/Charles Platiau | Reuters / CHARLES PLATIAU

Depuis son premier roman, La Place de l’étoile, en 1968, Patrick Modiano, a signé plus de trente ouvrages. Mais pour brouiller les pistes, l’auteur, qui s’est vu décerner jeudi 9 octobre le prix Nobel de littérature 2014, assure qu’il écrit toujours le même livre, à quelques variations près. Par où commencer ? Cinq suggestions. 

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Dora Bruder (1997). Si vous ne devez en lire qu’un, choisissez celui-là. Le plus poignant, le plus fort de toute l’œuvre de Patrick Modiano. A partir d’une petite annonce trouvée dans un Paris-Soir de 1941, l’écrivain se lance sur les traces d’une jeune fille juive, une fugueuse disparue dans la nuit noire de l’Occupation. A travers cette enquête, Modiano cherche Dora, mais aussi son propre père, qui se cachait également dans le Paris de cette époque. Absolument magnifique, même s’il ne s’agit pas d’un roman. 

Rue des boutiques obscures (1978). Prix Goncourt 1978, ce roman est l’un des plus connus de l’auteur. C’est aussi l’un de ses meilleurs. Le « détective » Modiano y est à son sommet. Il passe d’un témoin à un autre, fouille dans les bottins à la recherche d’un nom, explore de fausses pistes. Guy, cet amnésique à la recherche de son passé, finit par retrouver une identité et une histoire – mais sont-ce vraiment les siennes ? A noter, contrairement à bien d’autres titres de Modiano, que celui-ci ne concerne pas Paris : c’est à Rome que se trouve la rue des Boutiques obscures. 

Livret de famille (1977). Une quinzaine de récits juxtaposés, tous plus ou moins autobiographiques. Dès le deuxième, on découvre au détour de deux répliques que le narrateur a pour nom Modiano, et pour prénom Patrick. Est-ce pour autant l’écrivain lui-même ? Bienvenue au royaume de l’autofiction et de ses leurres délicieusement troublants.

Remise de peine (1988). Ce récit court autour de deux enfants abandonnés par leurs parents entre des mains peu recommandables a des faux airs de conte de fées. C’est avant tout un très émouvant tombeau à la mémoire de Rudy, le petit frère de Patrick Modiano, mort quand ce dernier avait onze ans. L’écrivain a repris cet épisode vécu dans son nouveau roman paru le 2 octobre, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier. Cette fois-ci, il en fait la base d’une sorte de roman policier un peu oppressant, dont son frère est effacé.

Un Pedigree (2005). Ce livre restera sans doute dans l’histoire de la littérature. Après s’être longtemps abrité derrière la fiction puis l’autofiction, Modiano finit par écrire une autobiographie… très atypique. Au terme d’un dédoublement de personnalité, l’auteur adulte y raconte son enfance et son adolescence avec une terrible sécheresse, comme s’il s’agissait de celles d’un autre. Une sorte d’hétéro-autobiographie. Au passage, ce texte majeur constitue un trousseau de clés permettant de décrypter tous les autres livres de Modiano, en repérant la part biographique qui se niche dans chacun.

En prime, un sixième livre :

Catherine Certitude (1988). Un délicieux livre pour enfants, très joliment illustré par Sempé. Toute l’atmosphère et le style de Modiano en 96 pages faciles à lire. Une excellente façon d’entrer dans son œuvre « dès 9 ans ».

S’il ne fallait lire que cinq livres de Patrick Modiano

Patrick Modiano, prix par surprise

LE MONDE | 10.10.2014 à 10h11 • Mis à jour le 11.10.2014 à 09h14 | Par Raphaëlle Leyris

Patrick Modiano lors d'une conférence de presse à Paris, le 9 octobre 2014. Patrick Modiano lors d'une conférence de presse à Paris, le 9 octobre 2014. | AFP/THOMAS SAMSON

Bien sûr, Patrick Modiano a trouvé « bizarre » de recevoir le prix Nobel de littérature, comme il l’a dit à son éditeur, Antoine Gallimard – « irréel », aussi, a ajouté l’écrivain lors d’une conférence de presse. « Bizarre », d’abord parce que c’est sans doute le mot qui revient le plus dans la bouche de cet homme à la timidité et à la modestie presque légendaires, inquiet « d’écrire toujours un peu le même livre ». « Bizarre », aussi, parce que nul ou presque n’imaginait que la récompense puisse de nouveau revenir à un écrivain français, six ans après Jean-Marie-Gustave Le Clézio. Mais les membres de l’académie suédoise, n’aimant rien tant que surprendre, en ont décidé autrement. Le 9 octobre, ils ont couronné ce grand écrivain de 69 ans à l’œuvre entêtante, lumineusement crépusculaire, en raison, de « l’art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l’Occupation ».

Cette période de l’histoire française est en effet centrale chez l’auteur né en 1945 à Boulogne-Billancourt, auteur d’une trentaine d’ouvrages travaillés par l’identité et par la perte, qui dira avoir « toujours l’impression d’être une plante née de ce fumier » – même si son œuvre est loin d’être réductible à ce sujet. Ses parents se sont rencontrés en 1942 : elle est une actrice flamande ; lui, Albert Modiano, juif d’origine italienne, fréquente des individus aux activités louches, et pratique, sous une fausse identité, le marché noir pendant la guerre.

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