一个靠近Loire 和 Rose 的地方。
Guérande
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Guérande
Porte Saint-Michel, porte d'entrée principale de la cité médiévaleAdministration
Code commune
44069Code postal
44350Maire
Mandat en cours
Christophe Priou
2008-2014Intercommunalité
Communauté d'agglomération Cap AtlantiqueDémographie
Population
15 446 hab. (2009)Densité
190 hab./km2Gentilé
GuérandaisGéographie
Coordonnées
47° 19′ 41″ Nord
2° 25′ 46″ Ouest / 47.3279449, -2.4294376Altitudes
mini. 0 m — maxi. 61 mSuperficie
81,44 km2Localisation carte nationale
[ départementale ] [ départementale ]
Guérande est une commune française, chef-lieu de canton, située dans le département de Loire-Atlantique et la région des Pays de la Loire. Ses habitants, les Guérandais et Guérandaises, étaient 15 446 au recensement de 2009.
Ville d'art et d'histoire depuis 2004, la commune est renommée pour ses marais salants et sa cité médiévale. C'est l'une des rares villes françaises qui a gardé ses remparts dans son intégralité (1 434 m de circonférence). C'est un haut lieu de l'histoire de l'ancien duché de Bretagne et est historiquement le chef-lieu d'un territoire appelé Presqu'île guérandaise qui coïncide avec l'extension la plus méridionale de la langue Bretonne.
Guérande fait partie des 21 communes appartenant au parc naturel régional de Brière.
Sommaire
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- 1 Géographie
- 2 Économie
- 3 Histoire
- 4 Emblèmes
- 5 Étymologie, toponymie, langue
- 6 Administration
- 7 Démographie
- 8 Langue bretonne
- 9 Jumelage
- 10 Lieux et monuments
- 11 Personnalités liées à la commune
- 12 Culture et éducation
- 13 Bibliographie
- 14 Voir aussi
- 15 Notes et références
Géographie[modifier]
Situation de la commune de Guérande dans le département de Loire-Atlantique
Situation[modifier]
Dans les marais-salants de Guérande : le Traict
En Grande Brière, le canal de Bréca
Guérande se situe à 19 km à l'ouest de Saint-Nazaire, 70 km au sud-est de Vannes et 80 km à l'ouest de Nantes.
La commune de Guérande se situe sur la presqu'île guérandaise, territoire ainsi nommé car il est entouré, à l'ouest par l'océan Atlantique, à l'est par le marais de Brière, au sud par La Loire et au nord par la Vilaine.
Selon le classement établi par l’INSEE en 1999, Guérande est une commune urbaine, une des 9 communes de banlieue de l’unité urbaine de Saint-Nazaire, qui s'étend de Donges au Croisic, et qui fait partie de l’aire urbaine de Saint-Nazaire et de l’espace urbain de Nantes-Saint-Nazaire.
Site[modifier]
Le Pays de Guérande est divisé en deux entités (ou terroirs) distinctes : le pays paludier et le pays métais[1], séparés par l'abrupt du Coteau de Guérande[2]. Ces deux entités se distinguent aujourd'hui par l'architecture et les activités humaines traditionnelles (économie, costumes anciens, danses traditionnelles).
- Le pays paludier
Il est situé entre le coteau de Guérande et la presqu'île du Croisic et est formé par les marais salants et les terrains adjacents ; l'altitude est ici de 0 à 10 mètres. On y trouve les îles de Lénifen et de Saillé (village paludier), la presqu'île de Lanclis au nord-ouest, les villages paludiers de Kerignon, Pradel, Mouzac au pied du sillon.
- Le coteau guérandais
Il correspond à une ligne de faille qui s'étend de Piriac-sur-Mer à Saint-Nazaire selon une orientation nord-ouest/sud-est, déterminant l'existence d'une ligne parallèle au Sillon de Bretagne au nord et de même origine que ce dernier, et à la côte de la Presqu'île du Croisic au sud. Cet ensemble de reliefs parallèles est une réactivation d'accidents tectoniques anciens, mis en place au cours de l'orogénèse hercynienne, par les derniers contrecoups de la surrection des Alpes au cours des derniers millions d'années[3]. L'altitude passe ici brusquement de 10 mètres à 40-60 mètres. La ville est implantée au point culminant (61 mètres au niveau du Parc d'Activités de Villejames) de la ligne de crête qui offre une vue à la fois sur les côtes et sur l'arrière-pays (vers les marais de Grande Brière).
- Le pays métais
Il s'étend sur le revers du coteau jusqu'à Herbignac au nord et Piriac-sur-Mer à l'ouest ; il descend en pente douce vers la Brière au nord-est. L'activité d'élevage domine les paysages, cette partie nord de la commune a fait l'objet d'un remembrement récent faisant disparaître une grande part du boccage.
Une expression utilisée dans la région guérandaise exprime la situation de la cité entre les marais salants, le pays blanc (pour le sel), et la Brière, le pays noir (pour la tourbe) : « Guérande : entre Pays Blanc et Pays Noir ».
Les marais du Mès, les marais de Grande Brière et les marais salants de la presqu'île guérandaise, dont une partie relève de la commune de Guérande, sont inscrits sur la liste des « zones humides protégées » (convention de Ramsar). De plus, le site des marais salants de Guérande est inscrit depuis 2002 sur la liste indicative soumise par la France au comité pour une inscription au Patrimoine mondial de l'humanité.
Communes limitrophes[modifier]
Saint-Molf
Herbignac
Saint-Lyphard, Saint-Joachim
La Turballe
N
Saint-André-des-EauxO GUÉRANDE E
S
Batz-sur-Mer
Le Pouliguen, Océan Atlantique
La Baule-EscoublacClimat[modifier]
La presqu'île de Guérande, particulièrement la cuvette occupée par les marais salants, jouit d'un microclimat océanique relativement sec et venté, et changeant au cours de la journée sous l'influence des marées et des brises thermiques.
Moyennes avant 1980, en général sur la période 1950 - 1975[4] réalisées par la station scientifique installée au Croisic avant 1970 :
- Température moyenne annuelle : 11 °C
- Moyenne annuelle des températures minimales : 9 °C (6 °C en janvier - février, à 16 °C en août)
- Moyenne annuelle des températures maximales : 15,5 °C (9 °C en janvier - février, à 23 °C en août)
- Nombre de jours de gelée : 18 j (Nantes : 40 j, Paris : 68 j)
- Précipitations : moins de 700 mm par an, voire moins de 600 mm certaines années, pour une moyenne de 160 jours par an avec plus de 1 mm d'eau, mais seulement 50 jours par an avec plus de 5 mm, avec un déficit pluviométrique entre avril et septembre. Ainsi, La Baule et la région guérandaise offrent une pluviométrie parmi les plus basses de France métropolitaine[5] (Saint Nazaire : environ 750 mm/an ; Nantes : environ 780 mm/an ; l'écart sur des distances aussi courtes est lié aux reliefs, bien que ceux-ci soit peu marqués, notamment le Sillon de Bretagne au niveau de Savenay, et à l'influence thermique de l'océan Atlantique. Par exemple les orages l'été se déclarent généralement à l'Est du Sillon de Bretagne).
- Ensoleillement : durée moyenne d'insolation : 2 000 heures (Nantes : 1 960 h, Paris : 1 800 h, Strasbourg : 1 650 h)
- Nombre de jours avec brouillard : 25 jours (Nantes : 60 j, Paris 50 j, Strasbourg 65 j, Bordeaux : 78 j)
La zone climatique de part et d'autre de l'estuaire de la Loire (entre Noirmoutier et Port-Navalo) bénéficie en moyenne trois années sur quatre d'étés aux conditions climatiques proches de celles de la Côte d'Azur.
Grâce aux conditions climatiques particulières de la région guérandaise, outre le développement des marais salants, des établissements médicaux y ont été installés (lycée climatique de La Baule, centres héliomarins de Pen-Bron et du Croisic, centres de thalassothérapie de La Baule et de Pornichet).
Relevé météorologique (station météorologique de Saint-Nazaire - aéroport de Montoir[6])
Mois
jan.
fév.
mar.
avr.
mai
jui.
jui.
aoû.
sep.
oct.
nov.
déc.
annéeTempérature minimale moyenne (°C)
2,6
2,9
4,2
5,9
8,8
11,5
13,4
13,1
11,2
8,5
5,1
3,3
7,5Température moyenne (°C)
5,6
6,2
8
10,2
13,2
16,4
18,6
18,2
16,3
12,8
8,6
6,3
11,7Température maximale moyenne (°C)
8,6
9,5
11,9
14,5
17,7
21,4
23,9
23,4
21,3
17,1
12,2
9,3
15,9Humidité relative (%)
87
85
81
78
79
77
75
77
80
86
87
88
82Précipitations (mm)
81,3
68,3
59,3
48,9
65,3
42,6
38
39,6
58
78,6
81,9
79,5
741,3Nombre de jours avec gel
9,2
7,8
4,9
1
0
0
0
0
0
0,3
4,9
8,3
36,5Record de froid (°C)
(année du record)
-13,8
(16/01/1985)
-13,7
(10/02/1986)
-8,1
(03/03/1965)
-3,0
(11/04/1973)
-0,9
(14/05/1995)
2,0
(02/06/1962)
6,5
(03/07/1968)
4,7
(31/08/1986)
1,1
(11/09/1972)
-5,9
(30/10/1997)
-7,9
(23/11/1988)
-10,6
(28/12/62)
-13,8Record de chaleur (°C)
(année du record)
15,3
(13/01/1993)
19,8
(28/02/1960)
22,5
(23/03/1996)
27,5
(22/04/1984)
29,8
(16/05/1992)
37,2
(26/06/1976)
36
(21/07/1990)
36
(03/08/1975)
31,9
(18/09/1987)
26,2
(03/10/1987)
20,3
(08/11/2008)
16,4
(10/12/1978)
37,2Source : http://www.infoclimat.fr/climatologie/index.php?s=07217 Météo France sur infoclimat.fr
La végétation présente aussi des particularités liées à ce climat particulier : par exemple, le chêne vert (Quercus ilex), si caractéristique des paysages méditerranéens, est subspontané[7] et est en extension. La presqu'île de Guérande est un des points les plus septentrionaux pour cette espèce végétale. Pour la faune, depuis le XIXe siècle est observé un anoure nocturne : le pélobate cultripède connu antérieurement sur la côte languedocienne, et dont c'est la station la plus septentrionale connue (observé régulièrement dans les dunes de Batz-sur-Mer et de La Turballe). D'autres observations de même type ont suivi, notamment d'insectes méridionaux.
Économie[modifier]
Emploi et industries[modifier]
Guérande est la seconde ville du comté de Nantes du XIIe siècle au XIXe siècle, puis du département de Loire-Atlantique, tant sur le plan économique que par le nombre d'habitants. L'industrie textile « à domicile » y est très implantée jusqu'au XVIIIe siècle ainsi que l'orfèvrerie. La position administrative, la production de sel et l'agriculture (élevage et vignobles) ont assuré cette situation jusqu'au transfert vers Saint-Nazaire au début du XIXe siècle des administrations (sous-préfecture et tribunal) et l'essor industriel (construction navale et chimie) de l'estuaire de la Loire. Sa proximité avec ces nouveaux centres de développement économique, lui ont toutefois permis de retrouver grâce au développement des infrastructures de transport une nouvelle orientation économique.
L'économie locale est actuellement toujours majoritairement orientée, par la surface qui lui est consacrée, vers l'agriculture (élevage de bovins et maraîchage, ce dernier en cours de régression, et industrie salicole avec ses dérivés). Le remembrement récent de la commune a toutefois porté un arrêt aux productions d'intérêt local, et a permis l'extension des grandes exploitations.
Les activités tertiaires et l'artisanat (PME-PMI) sont particulièrement dynamiques. La majeure partie de ces entreprises sont implantés proches de la rocade dans la "Zone d'activités de Villejames" qui comprend une zone artisanale ainsi qu'une zone commerciale en expansion. Situé également à proximité de la Route Bleue, mais de l'autre côté de la rocade, le nouveau "parc tertiaire de Kerbiniou" connait lui aussi un essor. À l'entrée de La Baule la zone d'activités des Salines est pour sa plus grande partie située sur la commune de Guérande, ce que nombre de visiteurs ignorent.
Le secteur industriel est surtout représenté par des moyennes entreprises tels que MSL (composants électroniques) ou la SODIPA (emballages alimentaires)[8]. Les activités liées au tourisme et aux loisirs (hostellerie, restauration, et commerces associés) sont en constante augmentation depuis 20 ans et forment le bassin d'emploi majoritaire de la commune. Aussi le caractère saisonnier de nombre d'emplois liés au tourisme engendre une précarité qui fragilise notamment les plus jeunes. Une antenne de l'ANPE (désormais pôle-emploi) a été ouverte dans la commune en 2004.
La population active guérandaise se caractérise également par des migrations pendulaires vers le bassin d'activités nazairien : en effet celui-ci concentre une grosse partie des emplois industriels de la région (Chantiers navals STX Europe, Airbus, Zone de Brais).
La ville voit dans ses murs, chaque semaine le « grand marché » du samedi sous les halles et en centre-ville (autour de la Collégiale Saint-Aubin de Guérande) et le « petit » marché le mercredi. Le marché de Guérande est une institution pluricentenaire (celui du samedi est antérieur au XIIe siècle) toujours vivante, et toute l'année.
Agriculture[modifier]
Les coteaux de Guérande, exposé au sud-ouest sont un terroir favorable aux maraîchers qui produisaient une carotte rouge-orangé, moyenne et de gros diamètre : "la carotte guérandaise", encore cultivée au conservatoire des espèces végétales de l'Institut national de la recherche agronomique.
Sur ce coteau était aussi produit un vin rouge réputé, de bonne garde pour l'époque - 3 à 5 ans selon les années -, qui était vendu dans le reste de la Bretagne et exporté vers l'Angleterre. Cette production a régressé au cours du XVIIIe pour disparaître au début du XXe siècle. Il a traversé néanmoins la crise du Phylloxera, et quelques ceps survivent encore dans des parcelles abandonnées ou dans des talus. Les vignes étaient plantées en bas de coteau, de Trescalan à Careil principalement, sur des sols colluvionnés argileux et profonds. Les parcelles les plus réputées étaient le "Clos Saint Aubin", (ou Clos de la Pierre) entre Guérande et Saillé, et le "Clos de Marsillé"[9].
On trouve encore par-ci par-là quelques rangs de vignes (à usage personnel)[10] dans l'arrière-pays, avec notamment quelques plans de Noah qui ont échappé à l'arrachage et à la vigilance des « douanes ».
La polyculture est en régression générale dans la presqu'île guérandaise, la pression foncière et la rentabilité économique ayant eu en grande partie raison de cette activité. L'élevage bovin est en extension, particulièrement depuis le remembrement de la fin des années 1980.
Histoire[modifier]
Menhir de Bissin
L'abondance des monuments, vestiges et sites archéologiques de toutes époques a conduit au classement de la totalité du territoire communal en zone archéologique protégée et en « zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager » (ZPPAUP) ainsi que, pour le secteur intramuros et sa périphérie immédiate, en « secteur sauvegardé » (depuis 1976). En conséquence, les aménagements et travaux sont obligatoirement précédés d'une autorisation spécifique et d'une fouille archéologique préventive.
Préhistoire[modifier]
La presqu'île guérandaise (au sens large, et en incluant les marais de Grande-Brière motière) contient à elle seule, près de 50 % des monuments mégalithiques subsistants du département de Loire-Atlantique[11].
La région de Guérande a en effet été occupée dès la Préhistoire, principalement à partir du Néolithique moyen (Chasséen).
Quelques sites archéologiques attestent d'occupations antérieures, remontant à l'épipaléolithique et au Mésolithique (industries microlithiques du type Tardenoisien, avec ou sans "pointe du Chatelet", trouvées en plusieurs points de la commune). Des éléments isolés font même penser à une occupation encore plus ancienne (Moustérien, vers - 85 000 ans), mais les sols granitiques et l'urbanisation n'ont laissé que peu d'éléments.
En revanche, de nombreux mégalithes témoignent de l'occupation chasséenne. En 1911 dans son inventaire, H. Quilgars[12] localise 13 dolmens et 5 menhirs sur la commune. Si certains mégalithes signalés posent question, un certain nombre sont avérés, et la majeure partie d'entre eux a disparu, comme la Pierre beurrée (ou Pierre Bréhet) haute de 3,70 m au Haut Mora, ou le dolmen de Mérionnec (fouillé en 1918). Quelques rares mégalithes ont été identifiés depuis et s'ajoute à cet inventaire[13].
On peut citer, parmi ceux existants aujourd'hui, le menhir de Bissin (haut de 3,5 m), la pierre de Congor (ou de Saillé) (dans le "Clos de la Pierre", encore planté de vignes au début du siècle, et signalé dans le cartulaire de Redon en 854[14]), l'habitat préhistorique sur un éperon barré (de type oppidum) et l'allée couverte ruinée, sur la butte de Sandun, site occupé du Chasséen ancien à l'âge du bronze, le très grand enclos mégalithique de Brétineau (ou Tertre de Boga) [15]: quadrilatère composé d'une centaine de menhirs alignés juxtaposés, certains haut de 2 mètres, aux dimensions impressionnantes = 78 m par 12 m, en faisant une des plus grandes enceintes mégalithiques d'Europe, situé près de Sandun (ne se visite pas, propriété privée), le rocher de Brandu[16] avec un pétroglyphe gravé, le menhir de Kerhué (ou de Quéniquen), et en limite de commune sur Saint-Lyphard, les dolmens de Kerbourg et le menhir de la Pierre Blanche, etc. (cette liste se limite aux mégalithes signalés sur les cartes ou dont la préservation ne pose pas de problème)
Les récentes fouilles du site de Sandun font actuellement référence pour la chronologie du néolithique (Chasséen) atlantique.
Articles connexes : Liste de sites mégalithiques de Loire-Atlantique, Dolmens de Kerbourg et Tumulus de Dissignac.
Pétroglyphe, pointement rocheux de Brandu, Guérande[17]
le Pierre Blanche, Kerbourg, La Madeleine
Dolmen de Kerbourg, La Madeleine
Menhir de Congor (1904)
Protohistoire[modifier]
Des découvertes éparses mais assez abondantes (haches à talons en bronze notamment) indiquent une continuité du peuplement après la fin du Néolithique (Chalcolithique et Campaniforme)
- Âge du fer : Tène et Hallstatt
Lors de la construction de la ZAC de Beaulieu et de la ZI de Villejames, des habitations, des enclos, et un « temple » (site reconstruit à l'époque romaine et transformé en fanum) ont été mis au jour[18]. Des fermes et habitations ont été mises en évidence sur l'ensemble du territoire de la commune, ainsi que des ensembles de sépultures (malheureusement fouillées au XIXe siècle). La forte densité de vestiges autour de l'actuelle cité médiévale laisse supposer que le site de Guérande est occupé depuis cette période au moins[19].
Des fours à sel (type four à augets) ont été découverts en plusieurs lieux de la région. Ils montrent une première exploitation salicole en presqu'île guérandaise. De l'eau salée et des saumures sont évaporés sur le feu dans des augets (d'où le nom de sel ignigène), pour produire des pains de sel qui seront ensuite exportés sur de grandes distances.
Stèle basse de La Madeleine / Kerbourg, période de La Tène
Plusieurs petits gisements d'étain et de plomb sont aussi exploités dès cette époque dans la presqu'île (notamment à Batz-sur-Mer, à Crossac et autour de Donges, l'étain alluvionnaire à Pénestin ou à Piriac a pu aussi être exploité) pour la fabrication du bronze et des ports d'exportation de ce métal sont signalés dans l'estuaire de la Loire par les géographes grecs : Strabon parle de Corbilo et Ptolémée d'Alexandrie de Brivates Portus, mais leurs positions actuelles sont purement conjecturales (Donges, Saint-Nazaire, Penhoët, Clis ?)[20].
À la fin de l'âge du Fer (époque de la Tène), au sud, La Loire est la frontière entre les Namnètes et les Pictons. Au Nord, la presqu'ile guérandaise se trouve à la frontière entre les Vénètes et les Namnètes. Elle est probablement dans la sphère d'influence vénète, au moins pour sa partie ouest (Plusieurs stèles basses ont été découvertes : deux à Clis, une à La Madeleine-Kerbourg, au total une quinzaine ont été identifiées), mais elle est mentionnée par les auteurs antiques comme territoire namnète[21], la limite entre les deux cités étant habituellement fixée sur la Vilaine[22]. La position de la presqu'île entre la Vilaine (Vicenonia en gaulois tardif) et la Loire, l'une, voie navigable desservant les Redones et l'autre, voie navigable entre les Namnètes et les Pictons qui avaient un port important à Rezé, en font carrefour important, y compris par mer avec les Vénètes et les Grecs (Massaliotes notamment)[23].
L'époque gallo-romaine[modifier]
Page de la Notitia dignitatum, en bas à droite : Grannona du Tractus Armocani
Le site d'implantation de la cité médiévale n'a pas révélé de traces d'ensembles monumentaux gallo-romains[24], même si de nombreux vestiges attestent d'une occupation à cette époque, dès le Ie siècle d'après quelques monnaies[25] et des céramiques trouvées lors de travaux récents[26]. Mais les recherches archéologiques ont été très ponctuelles, et ont été menées essentiellement à la périphérie de l'agglomération moderne (lieux-dits : Bois Rochefort, Pradonnais, Moulin de Beaulieu, etc.) ; aussi, certains auteurs remettent en cause l'existence d'un vicus (agglomération rurale). Ils pensent plutôt à un site d'habitat diffus, plus ou moins dense, le long des axes de circulation ou reliés à ceux-ci.
Une voie carrossable relie cette agglomération à Nantes (Portus Namnetum) par les rives de La Loire, et se prolonge vers l'ouest jusqu'à Clis et Piriac-sur-Mer. Une autre voie (appelée le « Pavé de Beaulieu » car dallée) relie le site à Vannes (Durioritum), traversant la Vilaine soit par un pont à Rieux (Duretie) soit par bateau à La Roche-Bernard[27]. Le site d'implantation de la cité est donc à l'intersection de deux voies carrossables secondaires. Toutefois, la presqu'île guérandaise reste à l'écart des axes principaux, la voie carrossable principale qui relie Nantes à Vannes est de l'autre côté des marais de Grande-Brière. Mais la Loire navigable toute l'année entre Ancenis et son estuaire est un axe majeur de communication particulièrement entre Nantes et la cote Atlantique depuis la préhistoire, pour preuve lors de la conquète romaine, la flotte qui affrontera les Vénètes est construite sur les rives de la Loire entre Angers et Nantes (le site de construction est variable selon les auteurs, le texte de La Guerre des Gaules sur ce point étant peu précis).
Le coteau de Guérande et son arrière-pays sont densément occupés aux IIe siècle-IIIe siècle par de grandes exploitations agricoles (villae). Une forte densité de constructions a notamment été découverte à Clis au XIXe siècle où un ensemble monumental à abside de 67 mètres sur 49,50 a été fouillé par Léon Maitre. Un mur en opus regulatum haut d'un mètre, et long d'une dizaine, est encore visible aujourd'hui entre Clis et Maisons brûlées, au Réquer, à mi pente sur le coteau (lieu dit : Château Grannon).
Au IVe siècle, Guérande fait partie de la province romaine de Troisième Lyonnaise (Lugdunensis Tertia) dont le chef-lieu est Tours (Tours est donc aussi siège archiépiscopal) ; une garnison y serait stationnée. En 448, les Armoricains chassent temporairement les Romains de la région. De retour, la garnison romaine se serait implantée à Grannona[28] (qu'une hypothèse assimile à Château Grannon près de Clis, voir paragraphe précédent et notes pour critiques).
La région est évangélisée sous la conduite de Saint-Germain l'Auxerrois dans le deuxième quart du Ve siècle et terminée à l'époque des évêques de Nantes Euménius et Félix (549-582) au VIe siècle.
De l'effondrement de l'Empire Romain, en 476, jusqu'en 486 (bataille de Soissons), la presqu'île guérandaise, est intégrée au royaume gallo-romain de Syagrius. Une hypothèse assimile une des résidences (villae) de ce dernier "Roi", appelée Clivus (ou Clivius), au village de Clis.
Le Moyen Âge[modifier]
De la colonisation bretonne à la féodalité : du VIe siècle au XIe siècle[modifier]
Articles connexes : Émigration bretonne en Armorique, Armorique au Haut Moyen Âge et Annales de Saint-Bertin.
Après la bataille de Soissons, le territoire de la presqu'île de Guérande passe sous la domination des Francs, comme l'ensemble des territoires appelés par la suite Neustrie, notamment le comté de Nantes. Mais vers 560, une bataille oppose Clotaire_Ier, futur roi des Francs et le "roi" breton Canao Ier, probablement en presqu'île de Guérande[29]. Lors de l'occupation de Nantes par Lambert II, la presqu'île de Guérande redevient territoire breton.
La fondation de Guérande est datée du haut Moyen Âge[30], plus précisément de la seconde moitié du VIe siècle. En effet, selon des sources médiévales postérieures[31], la fondation du Bro Wenrann et celle de l'occupation continue du site jusqu’aujourd'hui, est attribuée à la colonisation bretonne contemporaine du roi du Broërec Waroch II (entre 575 et 595). La cité s'implante autour d'une église, d'où l'origine probable de son nom qui signifie « champ/parcelle, consacré/pur » (cf. infra: Origine du nom de Guérande).
Cette implantation bretonne s'est faite corrélativement à une entrevue dans sa résidence nommée Aula Quiriaca[32] de Waroch avec Félix_de_Nantes, évêque de Nantes et le lettré et futur évêque de Poitiers, Saint Fortunat, entrevue rapportée par ce dernier dans ses Epistolae[33]. La rencontre, située vers 580, de ces trois importants personnages fait penser à une négociation entre les parties ayant des intérêts stratégiques entre Loire et Vilaine c'est-à-dire : les Bretons (Waroch) et les Francs de Nantes (Saint Félix) et du Poitou (Fortunat). Il est aussi rapporté que l'avancée bretonne est arrêtée à Saint-Nazaire en 577 par une intromission divine[34].
Du VIe siècle au IXe siècle, le « Bro Wenrann » est beaucoup plus étendu que ce qu'on appelle actuellement la presqu'île de Guérande : il inclut Donges au sud, Pontchâteau à l'est, La Roche-Bernard au nord.
Une population de colons bretons venant de Bretagne insulaire (des Cornouailles) s'implante durablement dans la région au VIe siècle. Elle sera renforcée par une seconde vague d'immigrants au cours du siècle suivant. Le Pays guérandais (entre Brière et Atlantique) constitue l'avancée la plus au Sud de la langue Bretonne (limite sud des noms de lieu en Ker- ; plus de 50% des toponymes de la commune sont d'origine bretonne certaine[35]).
La cité (re)trouve son Saint Patron avec la translation des reliques de Saint Aubin[36] probablement dès 556, et au plus tard durant la seconde moitié du VIIe siècle[37]. Une tradition tenace fait de Aubin_d'Angers un enfant du pays. Aubin d'Angers a été moine puis abbé au monastère de Tincillac[38] en Bro Wenrann [39], qu'il quitte pour devenir évêque d'Angers de 529 à 550. Cette translation d'un saint originaire de Bretagne révèle les liens entre l'anjou franc et la région guérandaise, ainsi que l'existence d'une communauté chrétienne suffisamment influente pour obtenir ces reliques.
Vers 800, Charlemagne reconquiert très temporairement les territoires entre Loire et Vilaine, ainsi que le sud du Pays de Vannes (ou Broërec) notamment la presqu'île de Rhuys et Vannes. Les Marches sont alors reconstituées, mais les populations de langue bretonne restent dans la presqu'île de Guérande.
Les institutions religieuses se développent dans la cité comme le montre la construction d'une seconde église au VIIIe siècle et dont on a retrouvé des éléments remaniés sous l'actuelle Collégiale[40]. Nominoë, Roi et unificateur de la Bretagne, instaure un évêché (très temporaire et non reconnu par l'Eglise romaine) à Guérande, et sépare ainsi la région guérandaise de l'évêché de Nantes, sous influence franque, pour la rattacher à l'influence bretonne, et à l'archevêché de Dol. En 851, suite à la Bataille du Grand-Fougeray, Charles le Chauve, Co-Empereur et Roi des Francs, et Erispoë, Roi « héréditaire » de la Bretagne, se rencontrent à Angers pour signer le traité d'Angers qui donne à la Bretagne les pays rennais, le nantais et le Pays de Retz (partie nord de l'Herbauges). Par la suite, le pays de Guérande demeurera jusqu'en 1789 dans le Duché de Bretagne.
À la suite de ce traité, probablement dans un souci d'apaisement des relations avec l'archevêché de Tours et l'évêché de Nantes, l'évêché de Guérande est supprimé, et le Pays de Guérande est définitivement rattaché à l'évêché de Nantes en 857. De cette situation politique est restée une double tutelle sur la ville de Guérande : l'évêque de Nantes et le Duc de Bretagne se partageront jusqu'à la Révolution les droits et propriétés sur la cité. C'est aussi durant cette période que se structurent les premières institutions urbaines de la ville, dont la constitution d'une milice armée pour défendre la cité. Cette milice sera jusqu'au XVIe siècle une force armée reconnue pour sa qualité militaire, et utilisée dans des conflits régionaux ou extérieurs jusqu'à la Révolution comme troupe constituée[41].
C'est en 854 qu'apparait la première mention écrite connue (et explicite) de la ville de Guérande, ainsi que de l'existence d'une église avec un autel contenant les reliques de Saint Aubin [42].
Puis, en 854-855 apparaissent les premières mentions écrites[43] des salines dans les alentours de Guérande : à Clis et à Saillé. Si la récolte du sel est une pratique très ancienne, ce document montre que la construction des salines, selon la conception actuelle des marais salants de Guérande, se fait bien avant le IXe siècle. (Il s'agit probablement d'un héritage gallo-romain.)
Vers 870, le Roi Salomon de Bretagne, installe à la tête de la paroisse de Guérande et des églises et chapelles qui y sont rattachées, un chapitre de quatorze chanoines. Le chapitre de Guérande est donc un des plus anciens de France[44].
La région est affectée par plusieurs incursions des Normands de 843 à 1013 (voir Histoire de Nantes[45]). Les Vikings débarquent à Batz en 843 et ils utiliseront comme point d'appui la Presqu'île de Guérande et du Croisic par la suite. Ces incursions auront pour conséquence la désorganisation politique et économique de la région, la Basse-Loire est la région qui sera la plus affectée de Bretagne[46]. Les implantations monastiques sont abandonnées, et les moines, se replient en amont d'Angers, puis en Bourgogne. Vers 900, les normands s'implanteront à La Roche-Bernard sur La Vilaine (en 919), ainsi que dans l'estuaire de la Loire, dans l'Ile Bothy, de part et d'autre de la presqu'île de Guérande, et ils occupent Nantes durant une vingtaine d'années.
En 939, les Normands quittent la Bretagne, les raids se font plus rares après 960, le Pays de Guérande reprend sa place dans le Duché de Bretagne qui se réorganise sous le règne d'Alain Barbetorte dit al louarn.
Le Moyen Âge jusqu'à la guerre de succession[modifier]
À la mort d'Alain le Grand, comte de Vannes, Alain Barbetorte reçoit en partage des terres et des apanages dans Guérande et aux alentours, une autre partie allant à l'évêché de Vannes[47].
- La chatellenie de Guérande
À la fin du Xe siècle, le territoire du Plou Wenrann est réduit au nord-est, le long de la Vilaine, par la création d'une baronnie autour du chateau de la Roche crée par le viking Bernard et ses descendants, à l'origine de l'actuelle La Roche-Bernard[48].
Au XIe siècle, le territoire est à nouveau divisé en trois seigneuries : la châtellenie de Guerrande de langue bretonne, la châtellenie du Pont (actuel Pontchâteau), et la Vicomté de Donges, ces deux dernières majoritairement de langue gallèse[49].
À Guérande, le duc est représenté par un vicarius (viguier), attesté vers 1055. La ville reste donc sous la tutelle directe des ducs. Il est probable que c'est à cette époque que l'évêque de Nantes installe dans la ville, à côté du viguier, un Sénéchal des régaires, pour administrer les biens et droits repris de l'évêché de Vannes. En 1142-1147, la présence active des Chanoines est attestée dans une série d'actes.
- La prospérité des XIIe siècle et XIIIe siècle
Au XIIe siècle- début XIIIe siècle, une nouvelle collégiale est construite en style roman (chapiteaux historiés dans la nef, style roman final « pré-gothique ») sur les fondations plus anciennes. C'est à cette époque que la ville prend son extension actuelle ; des fortifications sont construites. La ville de Guérande se dote alors d'une flotte de navires rouliers qui vont exporter le sel et le vin sur les côtes françaises et vers les pays d'Europe du Nord, particulièrement l'Angleterre. La Loire et la Vilaine sont aussi des axes commerciaux importants. La grève du Traict, dans les marais salants, est utilisée comme port, les navires remontent certains des étiers des marais salants (secteur des hameaux de Congor et Pradel) pour charger le vin et le sel.
1156 : Le comté de Nantes passe sous domination Plantagenêt jusqu'à l'intégration du comté au domaine duccal en 1203.
En 1160, une charte indique l'existence d'une Domus des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. Il ne reste aucun élément de cette implantation templière, elle devait probablement être située à l'extérieur des murs selon l'usage de l'ordre, probablement dans le faubourg Saint-Armel. La chapelle Saint-Jean rue de Saillé n'est donc pas le site initial de l'hôpital des hospitaliers.
Un acte de 1234 confirme la présence d'une communauté juive[50] qui disparaitra avec l'ordonnance du Duc Jean I de 1234 qui ordonne l'expulsion des juifs de Bretagne. La rue de la Juiverie témoigne encore aujourd'hui de la présence de cette communauté de commerçants et d'usuriers. Elle a pu se dévélopper sous la tutelle de l'évêque de Nantes.
Tout ces éléments montrent un développement urbain et économique important de la cité de Guérande durant l'âge d'or de la bretagne durant le XIIe siècle et XIIIe siècle.
- Intervention du roi de France Philippe Auguste
En 1206, Philippe Auguste[51] destitue les viguiers du Duc au profit de sénéchaux royaux. Guérande est alors intégrée dans la sénéchaussée de Nantes, dont les limites sont celles de l'évêché et de l'ancien comté. La chatellenie de Guérande est temporairement partagée entre André de Vitré et Eude (ou Eudon) de Châteaubriant. En 1207, Philippe Auguste rend le duché à Guy de Thouars et la chatellenie de Guérande est reconstituée[52]. En 1214, un acte d'arbitrage indique que Guérande est à la « disposition » de Pierre de Dreux, dit Mauclerc, baillistre de Bretagne.
- Organisation du chapitre collégial
Le 13 juillet 1312, une bulle du pape Clément V institue à la tête du chapitre de la collégiale un prévôt avec mitre et crosse. La nomination du prévôt sera ensuite systématiquement ratifiée par le pape et le duc de Bretagne (puis le roi de France). Au chapitre est adjoint un théologal, qui fait office de curé de la paroisse, et une fabrique qui gère les biens de la paroisse. En outre, le collège a la gestion d'une psalette (chœur et école de chanteurs), d'une serpenterie (école de musique et musiciens) et d'une régence (école ouverte aux psalteurs et aux enfants des paroissiens qui y font leurs « humanités »). Le sacré collège sera dissout à la Révolution (voir le tableau de Jacob Catrou dans la Collégiale Saint-Aubin de Guérande, peint en 1642, classé MH).
- Gabelle et commerce du sel
En 1341, lors de l'institution de la gabelle, impôt sur le commerce du sel, Guérande, étant ville productrice de sel, bénéficie d'une exemption. Le commerce du sel en Bretagne et vers le Nord de la France (pour la salaison du poisson, notamment vers Boulogne-sur-Mer), ainsi que l'Europe du Nord[53], permet l'essor économique de la région guérandaise. Mais l'ensablement inexorable du Traict et l'augmentation du tonnage des navires entraîne, à partir du XIVe siècle, le déplacement des activités portuaires vers Le Croisic et Le Pouliguen.
Maison du Potier, XVIe - XVIIe, place du Pilori
Guérande et la guerre de succession de Bretagne (1341-1364)[modifier]
La guerre de succession de Bretagne, entre deux prétendants à la succession de Jean III, Jean de Montfort et Charles de Blois, doit être replacée dans le contexte de la guerre de Cent Ans. À l'échelle locale, ce conflit a eu pour conséquence, malgré la destruction de la ville de Guérande, de redonner un souffle à la région.
- La situation de Guérande au début du conflit
Un acte daté du 26 décembre 1332 indique que Guerrande, Baas, Saillé appartiennent à Jean de Bretagne, comte de Montfort. C'est un bien qui lui vient de sa mère Yolande de Dreux, comtesse de Montfort l'Amaury, descendante de Pierre Mauclerc, et c'est le seul qu'il possède alors dans le Duché de Bretagne. La Ville, suivie par une vingtaine d'autres places fortes bretonnes, prend le parti de Jean de Montfort ; cette loyauté, confirmée jusqu'à la fin de la guerre, explique l'attachement que les ducs de Bretagne de la dynastie de Montfort montreront pour la région guérandaise.
- Le sac de Guérande (1342)
Printemps 1342 : le sac de Guérande[54], par les troupes espagnoles, génoises et françaises sous le commandement de Louis de la Cerda, dit Louis d'Espagne, Amiral de France, du parti de Charles de Blois, dont il est le cousin. Après un bref siège, au motif que la ville serait tenue par des troupes anglaises (ce qui est très probablement faux à ce moment du conflit), la ville et les cinq églises sont pillées et incendiées, si l'on en croit le récit de Jean Froissart. Selon la chronique du siège, le pillage permit de collecter un grand butin, plus que les hommes n'en purent porter. La population aurait été passée au fil de l'épée ; il y aurait eu 8000 morts selon d'autres sources, proches de Louis d'Espagne, mais probablement excessives, puisqu'il n'y avait que 3000 à 4000 habitants dans la cité et les faubourgs. Dans une autre version[55], les bourgeois de la ville furent mis à la rançon, et les incendiaires des églises pendus. Les troupes franco-espagnoles démantèlent les fortifications.
Cette chronique du siège nous fournit indirectement des informations sur la ville : elle est décrite comme une place fortifiée stratégique du fait de son contrôle de la côte, peuplée, riche et commerçante, productrice de vin, avec des navires en grève[56]. Curieusement, le sel n'est pas signalé comme une source de richesse. Les Croniques et ystoires des Bretons de Pierre le Baud confirme l'ampleur du butin des asiègeants.
Ce sac ne serait qu'un coup de main[57] aux conséquences limitées[58], car dès l'année suivante, courant 1343, la place de Guérande est toujours sous l'autorité de Jean de Montfort, administrée pour lui par Guillaume du Verger, avec le titre de lieutenant du comte. Des troupes anglaises et bretonnes y stationnent[59], et Guillaume du Verger fait réparer les fortifications et les renforce en faisant creuser des fossés. Cependant, durant l'été 1344, les troupes de Charles de Blois sont de nouveau autour de Guérande [60]. Ce siège semble s'être encore conclu par une nouvelle reddition de la cité, Charles de Blois nomme un capitaine : Foulque de Laval pour administrer la cité. Très rapidement la ville revient sous l'autorité de Jean de Montfort.
- La mort de Jean de Montfort (1345)
Après la mort de Jean de Montfort en 1345, son fils, le futur Jean IV poursuit le conflit. Les troupes guérandaises restent fidèles au parti Montfort, bien que l'évêque de Nantes soit passé au parti de Charles de Blois. En 1355, Edouard III, roi d'Angleterre et tuteur du futur Jean IV de Bretagne prescrit la remise des places fortes au Duc de Lancastre.
- Le premier traité de Guérande (1365)
Le 12 avril 1365, le premier traité de Guérande est signé dans la Collégiale Saint-Aubin de Guérande, alors en cours de reconstruction, un lieu symbolique pour le parti vainqueur, puisque cette ville était la seule des Montfort en Bretagne au début du conflit. Le traité met fin à la guerre de Succession de Bretagne et voit Jeanne de Penthièvre renoncer au duché en faveur du fils de Jean de Montfort, Jean IV.
Voir aussi : Premier Traité de Guérande (1365)
La fin du Moyen Âge[modifier]
- Création de la sénéchaussée de Guérande
La paix retrouvée, Guérande, ville ducale, devient en 1365 le siège d'une sénéchaussée distincte de celle de Nantes. Cette sénéchaussée s'étend sur treize paroisses, c'est-à-dire presque toute la presqu'ile : d'Herbignac, Assérac, Mesquer et Saint-Molf au nord, jusqu’à Saint-Nazaire et Montoir-de-Bretagne au sud. Le Croisic et Batz-sur-Mer y sont intégrés. Donges reste administrée par la Sénéchaussée de Nantes.
- Le conflit avec le roi de France et le second traité de Guérande (1381)
En 1371 : nouveau siège et prise de Guérande par Bertrand du Guesclin.
Les nobles bretons se rebellent contre Jean IV qui s'exile en Angleterre dans ses possessions de Richemont. En 1378, le roi de France profite de cette situation pour essayer de s'emparer de la Bretagne, mais la noblesse bretonne rappelle Jean IV et le conflit reprend contre la France. En 1379, Olivier III, seigneur de Clisson tente de prendre la ville, mais après un bref siège, les troupes bretonnes et guérandaises sortent et poursuivent son armée jusque dans ses terres autour de Blain.
Un second traité de Guérande est signé le 4 avril 1381 entre le duc Jean IV et Charles VI dans la chapelle de Notre-Dame la Blanche (intramuros) récemment reconstruite. Ce traité règle définitivement les problèmes de succession dans le duché de Bretagne et clarifie les rapports entre le royaume de France et le duché de Bretagne.
Voir aussi : Second Traité de Guérande (1381)
- La paix retrouvée
Remparts
Signe de ces nouveaux temps de paix, le mariage de Jean IV, duc de Bretagne, avec Jeanne de Navarre, est célébré à Saillé, au cœur des marais salants, en 1386. Les remparts actuels sont construits après ces conflits sur les ruines des fortifications antérieures, principalement sous le règne de François II[61].
Blason du Monastère Saint-Yves, XVIIIe
En 1404, le duc Jean V approuve la création du couvent dominicain Saint Yves situé dans le faubourg Bizienne ; en 1405, il instaure une foire annuelle au profit de ce monastère (les 20 et 21 mai). Le pape Benoît XIII donne son accord en 1409, alors que la construction est déjà commencée.
L'époque moderne[modifier]
- Le règne d'Anne de Bretagne
Au cours de la « guerre folle », en pleine mobilisation, la duchesse Anne, par une lettre du 9 avril 1484, octroie aux Guérandais divers privilèges, en compensation de la fourniture de troupes et pour s'assurer du soutien financier de la ville durant ce conflit : elle « anoblit les Marais salants, les dispensant d'impôts… ». Les Guérandais n'oublieront pas ces privilèges, pas plus que ceux donnés aux habitants de la Grande Brière (l'indivision actuelle des marais de Grande Brière sont une conséquence de ces lettres patentes, même s'il n'y a pas continuité avec la situation actuelle[62]).
En mémoire de ses nombreux séjours dans « sa bonne ville »[63] et de sa fidélité à la Maison de Montfort, Anne de Bretagne aurait, selon la tradition, donné une couronne d'or à Guérande, une d'argent à Saillé, et une de cuivre doré à Trescalan (aujourd'hui dans la commune de La Turballe). Les deux premières ont disparu, mais la troisième existe encore, et est toujours portée par les mariés lors de leurs noces.
- Guérande après l'union perpétuelle (1532)
Le "Château" est démoli en 1614 à la requête des États de Bretagne. Ce "logis" probablement fortifié avait servi de maison seigneuriale aux ducs de Bretagne lors de leurs séjours à Guérande et d'atelier monétaire à Jean de Montfort durant la Guerre de Succession de Bretagne. Sa localisation précise demeure incertaine faute de recherches archéologiques et de textes historiques précis[64]. La porte Saint-Michel, qui servait de logis au lieutenant de police et au lieutenant militaire de la Place de Guérande, représentant le duc de Bretagne, n'était pas la résidence ducale. En 1682, c'est le Palais épiscopal qui est à son tour rasé à la demande de l'évêque de Nantes Gilles de Beauveau, il était situé rue du Chateau Gaillard, coté nord, entre la rue et les remparts. Le manoir de Calon dans le faubourg Saint-Michel servira de résidence aux évêques de Nantes lors de leur déplacement annuel à Guérande par la suite.
Les États de Bretagne se réunissent plusieurs fois à Guérande, notamment en 1625, probablement dans le bâtiment servant de Cohue et de Tribunal qui était localisé à l'emplacement des halles actuelles ou dans le monastère Saint-Yves. Le Chapitre et la Ville de Guérande envoyaient chacun des députés aux États et au Parlement de Bretagne.
Au cours des XVIIe siècle et XVIIIe siècle, la ville se transforme, des demeures bourgeoises en granite remplacent les maisons du XVe siècle et XVIe siècle. Ces hôtels particuliers et ces maisons représentent près de 50% du bâti visible aujourd'hui dans le secteur intra muros. En 1686, place Saint-Aubin, un nouvel édifice publique est construit, les halles avec un auditoire à l'étage.
- La conspiration de Pontcallec
La noblesse de la presqu'île de Guérande, particulièrement celle de la cité, se joint à la « Conspiration de Pontcallec » entre 1717 et 1719. La plupart d'entre eux signeront l'acte d'union de la « conspiration ». Parmi les familles qui se sont jointes à la conspiration, on retrouve les Morvan de Kerpondarmes, alors députés de Guérande aux États de Bretagne, les Rohan-Pouldu, qui ont un hôtel en ville et des terres dans la presqu'île, les Kerpoisson, les Rollan, Roger, Lizet, etc. Les conspirateurs se sont alors fortement armés, dans l'attente d'un renfort de troupes espagnoles, qui n'arriveront jamais.
En 1789, le couvent dominicain, situé à l'extrémité du « faubourg Bizienne », est vendu comme « bien national », et, servant de « carrière », est en grande partie détruit dès cette époque[65].
L'Époque contemporaine[modifier]
- Les révoltes paysannes de 1793, le dernier siège de Guérande.
En mars 1793, des jeunes gens refusent le tirage au sort dans le cadre de la levée en masse, des révoltes éclatent en Mayenne, dans le Léon, le Morbihan, l'Ille-et-Vilaine, la Loire-Inférieure, la Vendée et le Maine-et-Loire. Entre les 11 et le 20 mars, les deux tiers de l'Ouest sont touchés.
Le 19 mars 1793, avec des renforts arrivant de Savenay, quelques centaines de paysans font le siège de Guérande qui ouvre ses portes grâce semble-t-il à la complicité d'une partie des Gardes Nationaux stationnés dans la ville. Les conséquences de ce siège suivi d'une mise à sac pour les vivres et les munitions, sera importante pour les archives municipales et départementales : en effet, celle-ci seront recherchées par les insurgés dans les édifices municipaux ou éclésiastiques, ainsi que dans les offices notariaux et d'avocats et détruites volontairement sur la place du Marché-au-Bois. Une grande part des inconnues de l'histoire de la ville viennent de ces événements. Les insurgés recherchaient les listes de conscriptions et tous documents permettant d'établir les assiettes fiscales espérant par ce moyen échapper aux nouveaux impots, et l'enrôlement dans l'armée. Ces troupes se dirigent ensuite vers Penchâteau (au Pouliguen) espérant ainsi y prendre les canons qui défendent la côte, puis avec d'autres troupes venant de Pontchâteau, elles se rassemblent devant La Roche-Bernard et gagnent Rochefort-en-terre[66].
- Les restructurations administratives
Lors de la création des communes et des départements en 1789-90, la sénéchaussée de Guérande (et de Campsillon) disparait. Les paroisses qui en faisaient partie deviennent généralement des communes. Le territoire communal de Guérande est formé à partir des paroisses et trêves de Guérande, Saillé, Trescalan et La Madeleine. Le bourg de La Madeleine est même coupé en deux avec Saint-Lyphard.
Guérande devient tout de même chef-lieu de district, mais la délimitation du Morbihan et de la Loire-Inférieure ampute le Pays guérandais de trois communes du nord de la presqu'île : Pénestin, ancienne trève de la paroisse d'Assérac, Camoël et Férel, anciennes trèves de la paroisse d'Herbignac.
De surcroît, lors de la création des arrondissements en 1800, Guérande perd son statut de chef-lieu qui est attribué à Savenay (puis à Saint-Nazaire en 1868). Perdant son rôle de centre religieux et administratif, la ville perd ses fonctions de commandement qui était au cœur de la cité depuis le Moyen Âge.
En 1865, Guérande subit un nouvel amoindrissement du fait de la séparation de l'ancienne paroisse de Trescalan, qui deviendra par la suite la commune de La Turballe.
- L'évolution économique, le déclin des marais salants
Les marais salants de Guérande, principale source d'approvisionnement en sel pour l'Europe du Nord, maintiennent leur prospérité jusqu'au milieu du XIXe siècle. En 1840, on dénombre encore 2 350 paludiers ; 25 577 œillets sont cultivés, 493 seulement ne le sont pas. Cependant, dans la deuxième moitié du XIXe siècle et au XXe siècle, l'industrialisation de la production du sel des salins du Midi et de l'Est provoque la chute des cours du sel et l'effondrement du commerce des salines de la côte atlantique : il ne reste que 370 paludiers en 1934. Le développement économique et industriel de Saint-Nazaire isole le Pays guérandais, qui se tourne vers ses ressources agricoles (élevage et culture maraîchère). La ville vit au rythme des foires aux bestiaux mensuelles, avec chaque année le point d'orgue de la foire aux bœufs et aux porcs du 30 juin qui attire des acheteurs et des vendeurs de toute la région, et même bien au-delà.
Gare de Guérande, vers 1902
- L'arrivée du chemin de fer
Le développement des stations balnéaires (Le Pouliguen, Pornichet, puis La Baule) et du tourisme, la construction de la voie ferrée[67] La Baule-Guérande, embranchement de la ligne Saint-Nazaire-Le Croisic, entre 1872 et 1879, donnent à Guérande un nouveau souffle économique, avec notamment le développement du commerce des bovins vers Nantes. L'inauguration de la ligne reliant la gare de La Baule-Escoublac à celle de Guérande (située au nord de la cité médiévale, « rue de l'Ancienne Gare », au croisement du « faubourg Sainte-Anne » et de l'« avenue Anne-de-Bretagne »), a lieu le 11 mai 1879. Dans un premier temps, trois trains de voyageurs desservent Guérande chaque jour, puis six. Le projet initial prévoyait le prolongement de la ligne de Guérande à La Roche-Bernard, mais cela n'est pas immédiatement réalisé.
En 1905-1906, est construite une ligne d'intérêt local « Guérande, Piriac, Herbignac » de la Compagnie du Morbihan (CM), inaugurée le 1er juillet 1907. Cette ligne à voie métrique a fonctionné jusqu'au 1er juin 1938, époque où se manifeste la concurrence des premières lignes de cars. Cette seconde gare, proche de la précédente (voir paragraphe précédent) se trouvait à l'emplacement de la caserne des pompiers et de la gendarmerie. Durant cette période, un raccordement entre Herbignac et La Roche-Bernard permettait de relier Guérande à Vannes et à la presqu'île de Rhuys. Mais seul le tronçon « Guérande - La Turballe - Lérat - Piriac » était suffisamment fréquenté[68].
- Le déclin du chemin de fer
Quant à la ligne Guérande-La Baule, relevant du réseau de l'État à partir du début du XXe siècle, elle est sur le déclin à partir de 1940 : le trafic voyageurs est réduit aux trains ouvriers vers Saint-Nazaire. Le trafic voyageur cesse définitivement en 1955, tandis que le trafic marchandises se poursuit jusqu'en juillet 1971.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, à cause de l'existence de la Poche de Saint-Nazaire, l'occupation allemande se prolongea à Guérande comme sur l'ensemble des localités voisines de l'estuaire durant 9 mois de plus (d'août 1944 au 11 mai 1945), la reddition effective de la poche intervenant 3 jours après la capitulation de l'Allemagne.
La portion de voies ferrées entre la gare de Guérande et la zone industrielle de Villejames est déclassée en 1981 laissant place à l'actuelle avenue Anne de Bretagne. Le reste de la voie jusqu’à la Baule est à son tour déclassé en 1990 et récemment transformé en piste cyclable, élément important du réseau Vélocéan. La gare est détruite, ce qui modifie la physionomie du quartier où vont s'élever des logements, une éphémère zone commerciale, la nouvelle poste et le centre culturel Athanor. Depuis quelques années, ce secteur de la ville subit de nouvelles transformations, avec la création d'une zone paysagère (la coulée verte, vers le Bois Rochefort) et la construction à la place de l'ancien centre Leclerc d'un cinéma multiplexe de 6 salles avec des restaurants et de nouvelles voies piétonnes.
En 1970-1971 : Création du Parc naturel régional de Brière, un des premiers parcs régionaux de France. Le flanc nord du coteau de Guérande, vers les marais de Grande Brière, est dans son périmètre. La limite du Parc naturel correspond au tracé de la Route bleue, voie express qui doit relier Vannes à Saint-Nazaire[69], par le barrage d'Arzal sur la Vilaine. Seul le tronçon de Guérande aux Moutiers-en-Retz est réalisé actuellement. Cette limite exclue les Marais Salants de l'emprise de protection du Parc naturel régional, pour faciliter l'extension touristique et l'emprise immobilière de La Baule envisagée à cette époque.
Emblèmes[modifier]
Héraldique[modifier]
Article détaillé : Armorial des communes de Loire-Atlantique.
Blason au-dessus de la porte Saint-Michel.
D'argent à quinze mouchetures d'hermine de sable posées 5, 4, 3, 2 et 1.
Commentaires : Ces armes figuraient, jusqu'aux années 1990, sur les documents municipaux officiels. Elles furent concédées à la ville, en 1819, par le roi de France Charles X, mais leur usage est antérieur, car elles figurent déjà sur le timbre d' une cloche du carillon de la Collégiale daté de 1642 (classé MH). Les mouchetures d'hermine évoquent le blasonnement d'hermine plain de la Bretagne, rappelant l'appartenance passée de la ville au duché de Bretagne. Armes confirmées par Ordonnance de Charles X du 11 décembre 1829 (moyennant 91 Francs de « droits de sceau »).
Il existe une variante de ce blason en losange : d'hermine plain, en losange. Ce blason en losange a pour supports deux lions casqués.
Pour Victor Adolphe Malte-Brun, les armes de Guérande sont : de gueules, à deux lions passants d'argent.
Ornements extérieurs : exemple du timbre de l'horloge de la Collégiale, daté de 1642. Description : d'argent à quinze mouchetures d'hermine, posées 5, 4, 3, 2 et 1 ; l'écu timbré d'un lion casqué d'argent, et soutenu par deux lions aussi casqués du même. Ce blason (timbré de la couronne, et entouré de la cordelière de la duchesse Anne de Bretagne) est aussi celui qui figure sur la porte Saint-Michel (mais l'état actuel fait suite aux restaurations de la porte Saint-Michel de 1895-1900).
Drapeau[modifier]
La ville de Guérande possèderait un drapeau (ressemblant à celui du Québec) : une croix noire sur fond blanc (appelée « Kroaz du », utilisée aussi par les troupes des ducs de Bretagne), avec une moucheture d'hermine dans chaque quartier; il était porté par les navires armés par la ville, notamment pour le commerce du sel et du vin vers l'Europe du Nord.
Cette bannière, comme les armes de la ville, montrent et rappellent que Guérande était une possession ducale, et pas un fief ni une ville ayant bénéficié d'une émancipation urbaine. La milice de Guérande constituait aussi le noyau, avec d'autres, des bataillons permanents des armées du duché de Bretagne, puis du royaume de France.
Guidon de la fin du Moyen Âge.
Drapeau rétabli par les habitants de Guérande depuis 1999.
Logotype[modifier]
Logo de Guérande.
Étymologie, toponymie, langue[modifier]
La presqu'île de Guérande : une limite linguistique[modifier]
Articles connexes : Langue en Loire-Atlantique et Breton de Batz-sur-Mer.
La langue bretonne, implantée dès le VIe siècle, sera la langue vernaculaire de la commune de Guérande jusqu’à la fin du XVIIIe siècle[70], et ne disparaîtra de la presqu'île guérandaise que dans les années 1960 (parler proche du vannetais, mais présentant suffisamment de différences pour le considérer comme le cinquième parler breton), en concurrence avec le parler gallo, langue romane de Haute-Bretagne. Ce maintien du breton s'explique en partie par les liens économiques avec le reste de la Bretagne, mais aussi par une autarcie agricole marquée, ajouté à une mixité sociale et matrimoniale réduite, limitant, jusqu'à l'arrivée des trains, les communications vers le Bassin de la Loire.
Aujourd'hui, les locuteurs du gallo sont aussi en voie d'extinction dans la région : la langue parlé par les natifs de la région est en règle générale du français teinté de gallo (disparition des conjugaisons et des diphtongaisons) et de bretonnismes (une centaine environ, qui se retrouvent dans les structures grammaticales usuelles comme dans le vocabulaire).
Origine du nom de Guérande[modifier]
Le nom de la commune était orthographié Guerrande jusqu'au XVIIIe siècle. Il est issu de deux mots bretons : gwenn (« blanc » en breton moderne mais également « pur, sacré » autrefois) et rann (« parcelle »). En breton moderne, Guérande s'écrit Gwerrann ou Gwenrann. Les habitants sont appelés Gwenranniz (Gwenrannad au singulier).
Quatre hypothèses existent quant à l'étymologie de Guérande :
- Pays Blanc : pays (rann) au sens de territoire et blanc (gwenn) faisant référence aux salines. Cette traduction séduisante car empreinte d'une salinité toute guérandaise méconnaît le sens exact du mot rann en vieux-breton : part, partie au sens de parcelle de terre, champ. Le sens donné à rann de territoire ou subdivision d'un pays n'existe qu'en breton moderne. Cette hypothèse évoquée par Léon Maître en 1894 et largement reprise par les guides touristiques ne trouve aucun écho chez les spécialistes du breton.
- Vindo-Randa : Guérande serait selon Alain Gallicé (1995) une bretonnisation du gaulois vindo-randa (« terre en friche» ; le mot a donné garenne en français[71]), composition celtique strictement identique en sens et en forme au breton gwenn-rann. Cependant le nom de Guérande n'est attesté qu'à partir du IXe siècle : cette date semble trop tardive pour la reprise d'une appellation gauloise dans un lieu (autour de l'actuelle Collégiale Saint-Aubin de Guérande) qui, de surcroît, semble n'être occupée qu'à partir de la colonisation romaine pour la zone intramuros de la ville.
- Parcelle en friche : nous retrouvons le même sens que dans l'hypothèse gauloise, mais cette fois-ci ce sont les Bretons qui auraient trouvé un lieu abandonné et couvert de ruines. Joseph Loth (1883) s'appuie sur le gallois gwynn qui peut signifier « en friche », pour étayer cette hypothèse reprise par Henri Quilgars (1910). Toutefois, ce sens ne semble pas attesté en breton pour gwenn.
- Parcelle consacrée : Gildas Buron rappelle que la première attestation de Guérande mentionne en 854 « ecclesia quae dicitur Wenran[72] ». Il s'agissait donc d'une église, d'une assemblée chrétienne (sens initial de ecclesia) ou d'une paroisse, mais non d'un pays, d'un bourg ou d'une région. Des fouilles archéologiques ont de plus montré la présence d'un cimetière d'époque mérovingienne autour de cette église primitive. Il peut donc s'agir d'un toponyme signifiant « parcelle pure, ou consacrée », ce sens convenant à l'adjectif gwenn comme au mot rann, mais aussi à la nature de l'occupation des lieux.
- Par ailleurs, Erwan Vallerie souligne, dans une région relativement restreinte, l'existence de trois toponymes proches : outre Guérande (Wenrann), il faut noter également : Guémené (Winmonid, monid ou ménez pour colline), et Guenrouet (Wenroued, roued pour chemin/passage à gué), tous de même structure, basé sur la racine wenn (ou win), ce qui renforce l'idée que le sens blanc (gwen) pour cette racine est à prendre avec circonspection. Il peut aussi être ajouté à cette liste : Vindunita insula transcription latine de l'ancien nom breton[73] de Besné[74].
- Il est à signaler, en complément, de l'existence de nombreux toponymes non bretons mais d'origine pré-romaine basés sur la racine celto-gauloise « Rnd, ou randa » signifiant « frontières, limites, bord » particulièrement dans le Massif central. Ainsi, on y trouve des villages appelés Guérande (à Toulon-sur-Allier et Arfeuilles dans l'Allier ou à Lacalm dans l'Aveyron), des Guirande (Les Salles dans la Loire et à Felzins dans le Lot), et aussi, sans être exhaustif : Egarande, Chamarande, Chamérande, Ayguirandes, Eygurande, Guirandes, Burande, La Randeix, etc. Il s'agissait souvent de points de contacts entre les civitas gauloises, gué, ponts, villages jumeaux autour d'un site de commerce, etc[75]. Ces toponymes forment une ligne qui épouse la limite de l'ancien territoire des Arvernes. De même les limites du territoire Pictons sont marqués par une série de lieux basés sur la même racine, comme par exemple une rivière Guirande, au sud de Niort, qui marque la limite sud de ce territoire. Un lien entre Guérande et ces toponymes est peu probable, mais la position de limite (ou frontière) entre Namnètes, Pictons et Vénètes de la presqu'île guérandaise est un élément à considérer même s'il doit être établi par une recherche archéologique.
Les formes anciennes du nom Guérande sont Werran en 854 (première mention attestée)[76], Uuenran 8 juillet 857, Uuerran 10 juillet 865, Uuenrann 5 février 870, Guarranda et Guerrandioe 1070, Gerran 1112, 1114 et 1139, Guerrandia 1112, Varrandi 1178-1241, Garrande 1305 et Guerrande à partir de 1311 jusqu'au XVIIIe siècle.
La forme attestée en 1872 dans le dialecte breton de Batz-sur-Mer, commune voisine, est Uéreñn. L'absence de gw- initial y est surprenante.
Il existe d'autres attestations indirectes du nom de Guérande en breton vannetais : le mot guéran attesté en 1774 au sens de « muletier, saunier », et aussi l'expression sé-guéran (littéralement « robe de Guérande ») qui désigne une blouse de paysan.
Origine du nom de Saillé[modifier]
On identifie ce village au cœur des marais salants avec la Villa Saliacum[77] que l'on trouve dans des documents antérieurs à l'an 1000 (donation aux moines de Saint-Aubin d'Angers en 971). Ce nom laisserait entendre une origine gallo-romaine. Ces moines s'y établirent et y fondèrent un prieuré. La forme bretonne du nom de Saillé est Selak (forme attestée au XXe siècle à Batz-sur-Mer).
Administration[modifier]
Organisation administrative actuelle[modifier]
Le canton de Guérande comprend les communes de : Guérande, Mesquer, Piriac-sur-Mer, Saint-André-des-Eaux, Saint-Molf et La Turballe.
Guérande fait partie de la communauté d'agglomération Cap Atlantique, avec La Baule, Batz-sur-Mer, Le Croisic, etc…
Administration ancienne[modifier]
Sire de La Bouexière, sénéchal royal de Guérande de 1706 à 1767
- La ville est d'abord administrée sous la double tutelle d'un sénéchal des Régaires nommé par l'évêque de Nantes et d'un viguier nommé par le duc de Bretagne. Les premiers viguiers connus sont Geoffroy (vers 1065), Rouaud (1066-1084 puis en 1086), un Geoffroy à nouveau, puis son fils Berard vers 1145.
- À partir de 1342, un capitaine de ville renforce l'autorité duccale, le premier connu est Guillaume du Verger. À la suite de nombreux conflits entre les représentants de l'évêque de Nantes et ceux du Duc, une ordonnance de 1418 organise la juridiction de la ville et de ses faubourgs.
- Au moins à partir de 1451, (probablement avant 1413), la ville est administrée sous l'autorité d'un Procureur-Syndic, d'un miseur et d'un contrôleur, nommés par la communauté urbaine et paroissiale, au sein du Général, et députe [78] avant cette date aux États de Bretagne[79].
- Vers 1550, jusqu'en 1692 : le Procureur-Syndic est remplacé par un maire nommé par les bourgeois des paroisses de Guérande, Careil, Saillé et Trescalan.
- 1692 - 1789 : La fonction de maire de Guérande devient une charge vénale, l'élection au sein du général devient formelle. La fonction est alors souvent occupée par le député de la ville aux États ou au Parlement de Bretagne, ou assez souvent par le sénéchal de la ville.
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