Bloquer des sites de streaming, une mesure efficace pour lutter contre le piratage des films?
3 contributionsCréé le 29/11/2013 à 12h26 -- Mis à jour le 29/11/2013 à 12h41
Un site de visionnage de films en streaming. CAPTURE D'ECRAN/20MINUTES.FR
WEB - Le tribunal de grande instance de Paris a ordonné jeudi aux fournisseurs d’accès à Internet et aux principaux moteurs de recherche de bloquer seize sites comme Allostreaming, Alloshowtv ou encore Dpstream…
Terminé pour de bon le visionnage de films en streaming sur Internet? A la demande de syndicats de producteurs et distributeurs de cinéma, la justice a ordonné jeudi le blocage par plusieurs fournisseurs d’accès à Internet (FAI) de seize sites: Fifostream.tv (et .com, .org, .net), Fifostreaming.com (et .org, .net, .tv), Dpstream.tv, Allostreaming.com, Alloshowtv, Allomovies.com, Alloshare.com, Allomegavideo.com, Alloseven.com et Allourls.com. Les principaux moteurs de recherche (Google, Microsoft, Yahoo! et Orange) devront par ailleurs «déréférencer» ces sites, c’est-à-dire empêcher qu’ils ne remontent dans les résultats. Une mesure qui devrait intervenir dans les 15 jours et durer un an minimum.
C'est «une étape décisive dans la lutte contre le piratage des films sur Internet», ont salué les organisations professionnelles du cinéma. Mais à peine rendue publique, la décision du tribunal de grande instance de Paris a fait réagir certains adeptes du streaming, qui proposaient déjà des moyens de contourner ces blocages.
#France : Pour contourner la #censure et le blocage des sites de streaming par la France, pensez #PROXY
— Global News Trotter (@GlobalNewsTwit) 29 Novembre 2013
Selon les termes du jugement, les FAI doivent interdire l’accès à ces sites «à partir du territoire français». En passant par un serveur proxy, comme le suggère cet internaute, ou en transitant par un VPN (réseau privé virtuel), il est en théorie possible de simuler une connexion Internet depuis un autre pays.
La justice vient de décider le blocage de #Allostreaming http://t.co/fbfxwesWy6 Contourner la censure ---> http://t.co/NALMi6ZKwT
— LinuxManua (@LinuxManua) 28 Novembre 2013
Dans le cas d'un blocage par DNS (système de noms de domaine), la liaison entre le nom de domaine et l'adresse numérique (IP) du site visé n'est plus assurée. Plusieurs vidéos YouTube et pages Web ont déjà été mises en ligne depuis longtemps pour expliquer comment le contourner.
Quid des sites miroirs et sites alternatifs?
Par ailleurs, les mesures de blocage sont souvent contournées par l’apparition de sites dits «miroirs» répliquant les contenus illicites, qui peuvent être mis en ligne par les responsables du premier site ou des internautes. Pour pouvoir empêcher l’accès ces nouveaux sites illégaux, il faudra encore une fois passer devant le juge, indique le site spécialisé PC Inpact. Si bloquer un site prend des semaines voire des années à la justice, créer un nouveau site miroir ne prend que quelques heures. Et quand bien même le streaming deviendrait véritablement inaccessible, les internautes qui souhaitent pouvoir regarder leurs films en ligne gratuitement pourront toujours se tourner le «direct download» («téléchargement direct») ou se risquer une nouvelle fois au «peer-to-peer».
Lorsque MegaUpload et MegaVideo ont été fermés par le FBI en janvier 2012, l’entraide était de mise sur les réseaux sociaux et forums. Des commentaires par dizaines orientaient les internautes désemparés vers des sites alternatifs. Autre exemple: le blocage du site The Pirate Bay aux Pays Bas s’est révélé inefficace contre le piratage. Selon une étude néerlandaise, les internautes sont d'abord freinés par le blocage, puis apprennent à contourner les mesures de blocage et à trouver d'autres sources de téléchargement.
Une mesure pas efficace à 100% techniquement, mais…
«Cette mesure est inefficace, commente Jérémie Zimmermann, porte-parole de la Quadrature du net, organisation de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet. Allostreaming a fermé en janvier 2012. Les gens qui l’utilisaient sont déjà sur d’autres sites.» L’assignation en justice des FAI et moteurs de recherche par l’industrie du cinéma, publiée dans son intégralité par PC Inpact, reconnaît elle-même que ce n’est pas la panacée. Dans la «conclusion sur les mesures demandées», à savoir le blocage IP, le blocage DNS et le déréférencement par les moteurs de recherche, on peut lire: «Aucune de ces trois mesures n’est efficace à 100%. Et même la superposition des trois mesures ne permet pas, techniquement d’éviter totalement leur contournement».
Mais «plus le contournement sera difficile et moins les internautes y auront recours, poursuit le document. Il faut considérer ces mesures techniques comme un pas de plus dans la lutte contre la contrefaçon sur Internet.»
… «les mesures ajoutées les unes aux autres vont permettre de lutter contre le piratage»
Contacté par 20 Minutes, Jean Yves Mirski, délégué général du syndicat de l’édition vidéo numérique, se félicite du jugement et maintient que la mesure de blocage va avoir un impact. «Son efficacité tient à la possibilité de répétition. Cette décision-là a été longue car c’est la première à mettre en œuvre une telle mesure. Mais ce principe pourra faire jurisprudence et être appliqué à d’autres sites, argumente-t-il. On peut toujours trouver des moyens de détourner le blocage, je suis d’accord, mais les mesures ajoutées les unes aux autres vont permettre de lutter efficacement contre le piratage.»
Des mesures qui dérangent la Quadrature du Net. «Le problème ce n’est pas que des gens puissent continuer ou non à accéder à des films, le vrai problème ici c’est que la justice commence à imposer la censure des contenus comme une mesure pour régler le problème de l’industrie des films, s’insurge Jérémie Zimmermann. C’est dangereux pour la démocratie.»
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