2014年4月2日星期三

L'Allemagne fait un grand pas vers son salaire minimum - RTBF Monde

MONDE | mercredi 2 avril 2014 à 10h52

La ministre allemande du Travail Andrea Nahles (g) en discussion avec le directeur de la chancellerie, avant le conseil des ministres du 2 avril 2014 à Berlin

  • La ministre allemande du Travail Andrea Nahles (g) en discussion avec le directeur de la chancellerie, avant le conseil des ministres du 2 avril 2014 à Berlin - John MacDougall
  • L'Allemagne a franchi mercredi un grand pas vers l'instauration d'un salaire minimum pour tous, avec l'adoption en conseil des ministres de ce projet clé du nouveau gouvernement d'Angela Merkel.

    "C'est fait", a déclaré à l'AFP une source gouvernementale à l'issue du conseil des ministres.

    Le niveau du salaire plancher a été fixé à 8,50 euros bruts de l'heure. Il entrera en vigueur au 1er janvier 2015 mais une période transition est prévue pour les secteurs qui seront encore sous le coup d'un accord de branche. Au plus tard en 2017, il concernera tout le monde, sauf les moins de 18 ans, les stagiaires et les chômeurs de longue durée pendant les six mois suivant leur embauche.

    A 8,50 euros, le salaire minimum allemand est inférieur au Smic français (9,53 euros de l'heure) mais un peu plus élevé que ses équivalents britannique (6,31 livres, soit environ 7,60 euros) et américain.

    Même si le précédent gouvernement Merkel avait déjà initié le mouvement avec des salaires minimum de branche, l'instauration d'un Smic à l'allemande s'apparente à une révolution dans un pays qui historiquement laisse les partenaires sociaux négocier les salaires entre eux.

    - Large soutien des électeurs -

    Face à l'essor ces dernières années d'un secteur de bas salaires et d'une frange de "travailleurs pauvres", la mesure rencontre un soutien large parmi les Allemands. Plus de 80% d'entre eux y étaient favorables selon un sondage effectué pendant la campagne électorale des législatives de septembre. Selon un autre sondage récent, 56% pensent même qu'elle va renforcer l'économie allemande contre 40% qui pensent le contraire.

    Les partenaires de l'Allemagne, France en tête, espèrent le salaire minimum va remédier à des situations de dumping dans certains secteurs, notamment l'agro-alimentaire, et stimuler la consommation intérieure dans la première économie européenne.

    Mme Merkel et son parti conservateur ont consenti au salaire minimum à contre-coeur, et uniquement pour s'assurer la participation des sociaux-démocrates au gouvernement. Une partie de la droite et les milieux économiques espéraient en limiter les effets et ont milité pour une multitude d'exceptions, à commencer par tout l'Est du pays.

    Au final la ministre sociale-démocrate de l'Emploi Andrea Nahles, dont les services ont très rapidement mis un projet de loi sur la table, a fait la sourde oreille à la plupart des revendications. Elle a opté pour un champ d'application très large, et un plancher valable sur tout le territoire. Selon une estimation de l'institut de recherche économique DIW, 4,5 millions de salariés allemands gagneront moins de 8,50 euros de l'heure au moment de l'entrée en vigueur du salaire minimum.

    Ses opposants ont rivalisé de projections alarmistes, évoquant des centaines de milliers d'emplois détruits. La fédération des agriculteurs DBV, qui a plaidé sans succès pour en exclure les travailleurs saisonniers, a mis en garde mardi contre "des prix en nette hausse" de fruits et légumes.

    - Pas une catastrophe -

    Mais globalement "le salaire minimum n'est aucunement une catastrophe pour l'économie", a admis mardi le président de la fédération patronale BDA, Ingo Kramer, la plupart des entreprises payant déjà ce montant. Au cas par cas toutefois, "pour certains salariés, il sera décisif pour savoir s'ils conservent ou pas leur emploi", argue-t-il.

    C'est surtout "l'ingérence" de la politique dans les négociations salariales qui passe mal, a reconnu le patron des patrons.

    Même chose d'ailleurs du côté des syndicats. Au nom de la justice sociale, ils soutiennent l'idée du salaire minimum mais seulement "comme solution de fortune pour des secteurs où les partenaires sociaux sont faibles, pas plus", expliquait récemment Detlef Wetzel, président d'IG Metall. "IG Metall n'a jamais dit: +Etat, occupe toi de cela+", ajoutait-il.

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