2015年6月3日星期三

Charlie Hebdo s'enlise dans la crise

 

La mise à pied de la journaliste Zineb El Rhazoui a ravivé les tensions entre les journalistes qui appellent à une remise à plat de la gouvernance du journal et la direction. Selon Mediapart, Luz envisagerait de quitter la rédaction.

figarofr: Charlie Hebdo traverse une crise de gouvernance profonde. © PHILIPPE HUGUEN/AFP Charlie Hebdo traverse une crise de gouvernance profonde.

Charlie Hebdo est sous tension. Quelques mois après l'attentat qui a décimé la rédaction, les relations entre la direction et les journalistes se sont envenimées. Dernière illustration en date: la mise à pied de la journaliste Zineb El Rhazoui. Cette dernière a été convoquée pour un entretien visant, selon la direction, à «la rappeler à ses obligations minimales vis-à-vis de son employeur, suite à de nombreux incidents». La sociologue franco-marocaine s'est dite «choquée et scandalisée». Plus symbolique encore: selon Mediapart, qui cite des sources internes à la rédaction, «le dessinateur Luz a confié récemment qu'il n'en pouvait plus, et a annoncé son départ pour septembre». Luz qui fait d'ailleurs l'objet d'attaques sévères de la part de Jeannette Bougrab, ex-compagne de Charb, qui le qualifie d' «usurpateur» dans un entretien à Valeurs Actuelles.

Toutes ces tensions ont pour point de départ les 30 millions d'euros récoltés en dons, aides et ventes, et dont la gestion est concentrée entre les mains de trois actionnaires: les parents de l'ex-directeur de la rédaction Charb, qui détiennent 40% du titre, Riss, le dessinateur et nouveau directeur de la publication (40%) ainsi que le directeur financier Eric Portheault (20%). Dès le mois de mars, des salariés, réunis en collectif, réclamaient une remise à plat de la gouvernance afin d'instaurer une structure de capital beaucoup plus collégiale. Une demande qui selon l'avocat du titre, avait «navré» la direction. «Tout cet argent fait plus de mal que de bien», déplorait-il.

En avril, ce même collectif - qui compte dans ses rangs Zineb El-Rhazoui, Luz, et Patrick Pelloux - réitérait sa demande dans une tribune publiée dans les colonnes du journal Le Monde .Dénonçant «le poison des millions» et érigeant le journal au statut de «bien commun», ils appelaient la direction à abandonner le statut d'entreprise commerciale et à accorder à chaque journaliste le droit de prendre des parts sociales dans le titre. «Nous refusons qu'une poignée d'individus en prenne le contrôle, total ou partiel, dans le mépris absolu de ceux qui le fabriquent», écrivaient-ils. Eux souhaitent «prendre part, collectivement, aux décisions qui engagent le journal (...) Nous assistons aujourd'hui à des prises de décision importantes, souvent le fait d'avocats, dont les tenants et les aboutissants restent opaques», déploraient-ils.

La direction, qui a peu apprécié de voir les dissensions internes déballées sur la place publique, avait demandé à ses journalistes d'éviter d'émettre des critiques à l'extérieur du journal. Aujourd'hui, Zineb El Rhazoui se dit victime d'une «mesure punitive» pour son opposition à la direction. Elle a reçu le soutien de l'urgentiste et chroniqueur Patrick Pelloux, lui aussi signataire de la tribune: «Je suis très surpris d'une décision aussi bête et méchante. La méthode est incroyable pour Charlie. C'est violent», dénonce-t-il dans Le Monde.

Ce n'est en tout cas pas la première fois que le journal se déchire pour une histoire de gros sous et de mauvaise gestion. Le problème s'était déjà posé en 2006, suite au succès en kiosque du numéro sur lequel apparaissaient les caricatures de Mahomet. Selon BFM Business, les bénéfices tirés de la vente des 500.000 exemplaires de l'hebdomadaire avaient été reversés en quasi-totalité aux actionnaires. En six ans, ces derniers se seraient partagé 3,8 millions d'euros de dividendes. Aujourd'hui, les journalistes contestataires assurent vouloir seulement faire en sorte que «ces incroyables réserves financières» ne servent «qu'à garantir la pérennité du titre à dix, vingt ou trente ans».

En attendant, la direction a promis de consulter ses salariés sur l'avenir du titre. Mais le mal est fait. «Après une phase où on pensait qu'une vraie discussion avait repris, les choses ne passent aujourd'hui pas bien», confie au Monde un journaliste signataire de la tribune.

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