2015年3月18日星期三

比利时日蚀

Si, chez nous, l'éclipse sera partielle, de nombreux Belges prévoient néanmoins de s'arrêter un peu pour apprécier le phénomène.

De tout temps, la voûte céleste a fasciné. Des Grecs aux Egyptiens, des Romains aux Mayas, les phénomènes astronomiques ont émerveillé des générations d'hommes. L'avènement de la science moderne et son lot de découvertes et d'explications rationnelles sur les mécanismes régissant notre système solaire n'ont pas tari cette fascination. On a posé le pied sur la Lune, on est capable d'envoyer un engin spatial sur une comète et certains envisagent de se poser sur Mars. Mais rien n'y fait.

La dernière éclipse totale de soleil visible dans nos contrées remonte à 1999. Le pays avait ralenti pour admirer un spectacle rare auquel les Belges ne pourront plus assister avant 2081… L'éclipse qui aura lieu ce vendredi matin sera partielle. La Lune occultera entre 80 et 85 % de la surface du soleil. Pour ceux qui ne lèvent pas les yeux au ciel, rien de très impressionnant : pas de plongée soudaine dans l'obscurité, pas de chute sensible de la température, et les oiseaux n'arrêteront pas de chanter.

Mais l'engouement du public est bien là. On se presse pour dénicher l'indispensable paire de lunettes de protection. C'est la rupture de stock. En Flandre et en Wallonie. « On avait commandé 2.500 paires de lunettes, on a eu 700 demandes par jour, à tel point qu'on a voulu en recommander mais impossible d'en trouver, même en Allemagne ! On a encore 1.200 demandes par jour », explique Giles Robert, de l'Observatoire Centre-Ardenne, membre de la Fédération francophone des astronomes amateurs de Belgique. L'observatoire est l'un des centres qui organisent un week-end spécial consacré à l'éclipse (voir notre carte ci-contre). « On accueillera 300 écoliers et cent adultes. Des astronomes commenteront les observations. On est déjà complet. » Un succès qui s'explique aisément, selon Giles Robert : « C'est un spectacle naturel rarissime. Les éclipses totales fascinent encore plus. Mais les éclipses partielles, au même titre que tout phénomène céleste visible, comme les comètes par exemple, transcendent quelque chose d'incontrôlable par l'homme. »

« C'est très émouvant »

Qui dit éclipse solaire pense évidemment naturellement au génial stratagème trouvé par Hergé pour sortir ses personnages du pétrin au bout du Temple du Soleil  : Tintin choisit pour date et heure de son exécution le moment d'une éclipse solaire et exhorte alors le Soleil à disparaître puis réapparaître, de sorte qu'il passe désormais pour un véritable dieu capable de dompter l'astre solaire. Pourquoi l'éclipse fait-elle à ce point fantasmer ? Réponse avec Sylvia Pardi, archéologue et conférencière en archéo-astronomie, vice-présidente de l'Observatoire Centre-Ardenne à Neufchâteau.

Depuis toujours les éclipses fascinent les peuples : pourquoi ? La peur de voir le Soleil mourir ?

Oui, le Soleil et la Lune règlent depuis toujours toute notre vie. Dès que les hommes ont fait des calendriers, ils ont pris ces astres comme références. La Lune est changeante, le Soleil est régulier et, lui, il représente la vie, la chaleur. Nous sommes des animaux diurnes. A Stonehenge déjà, le cercle de pierre était aligné sur les positions de la Lune, ils connaissaient donc le cycle de la Lune et probablement les éclipses donc.

Comment réagissaient les Anciens devant une éclipse solaire ?

Dans toutes les civilisations, l'éclipse solaire provoquait la panique totale. Une panique bleue. Pour la Lune aussi, mais surtout pour le Soleil. Ils faisaient du bruit pour rappeler le Soleil qui s'était éclipsé. Ils frappaient le métal, frappaient les enfants, faisaient hurler les chiens, les Chinois lançaient des flèches et jouaient du tambour. Le plus amusant dans tout cela, c'est que… cela marchait ! Comme dans Tintin : sauf qu'il y a un anachronisme par rapport aux Incas, que l'éclipse s'y déroule dans le mauvais sens puisqu'on est dans l'hémisphère sud et qu'elle est beaucoup trop rapide alors que cela dure en réalité une heure environ. Selon les civilisations, ce sont des serpents, de l'eau, des loups qui poursuivaient les astres pour les engloutir. Dans le monde entier, le Soleil est fondamental. Pour les Egyptiens ou les Incas et les Mayas, c'est un dieu, d'autres civilisations lui préfèrent la Lune.

Et aujourd'hui, nous savons que la mort de l'Humanité sera causée par celle du Soleil…

Oui, mais c'est surtout la rareté du phénomène qui joue. Les éclipses solaires sont plus rares que les éclipses lunaires. Certains courent les éclipses dans le monde entier. J'ai vu celle de 1999 à Arlon, c'est la première que je voyais, et je dois bien avouer que, même en connaissant les tenants et aboutissants scientifiques, cela ne change strictement rien à l'émotion du spectacle. Sénèque disait : « Quand le Soleil s'éclipse, on en voit la grandeur ». On comprend alors combien il est essentiel. Il disparaît et tout semble s'arrêter, on voit les étoiles, il fait frais, il y a un côté fin du monde. Au premier rayon qui réapparaît, tout redémarre

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