L'Amérique redoute une nouvelle crise du homard
Mets de luxe par excellence en France, le homard est-il en passe de devenir un produit de consommation accessible? Si les amateurs se frottent déjà les mains - et les papilles -, de l'autre côte de l'Atlantique les pêcheurs s'inquiètent d'une nouvelle «crise du homard». À quelques jours du coup d'envoi de la saison de la pêche du noble crustacé en Amérique, les observateurs craignent en effet que le marché soit une nouvelle fois saturé.
De fait, depuis plusieurs années, les quantités de «homards canadiens» pêchés ne cessent de croître. Résultat, le prix du roi des crustacés est en chute libre de l'autre côté de l'Atlantique. L'aliment fétiche des repas de fête a perdu pratiquement la moitié de sa valeur en six ans au Maine, haut lieu de la pêche du homard.
Le prix de la livre du «homard bleu» est revenu de 4,39 dollars à 2,68 dollars, entre 2007 et 2012, selon les chiffres de la Marine de l'État du Maine. Une baisse de prix à mettre en parallèle avec la hausse de la quantité de homards pêchés, doublée en cinq ans pour atteindre 126 millions de livres l'an passé.
Nombre d'observateurs expliquent ces productions abondantes par les changements climatiques et notamment une hausse de la température des océans qui provoquent une «mue hâtive» du homard, explique Jim Dow, pêcheur de homard du Maine, sur Radio Canada . Par ailleurs, un moins grand nombre de poissons de fond, et donc de prédateurs pour les jeunes homards, explique l'augmentation de la présence de homards dans le golfe du Maine, avançait récemment Rick Wahle, professeur à l'université des sciences marines du Maine au quotidien local le Bangor Daily News .
Le «prix raisonnable» du homard français
Qu'en est-il du côté français? Dans les poissonneries des côtes normandes et bretonnes, le crustacé se vendait autour de 20 euros le kilo en juillet et se négocie entre 26 et 30 euros actuellement, «un prix très raisonnable», reconnaît un poissonnier chevronné. «Les pêches ont été abondantes cette année en mai et juin», précise Yvon Madec, poissonnier basé au nord de Brest, pour expliquer ces prix modérés.
«La pêche du homard en France se fait principalement au casier, une pêche raisonnable», ajoute le poissonnier. Les quantités pêchées de ce côté-ci de l'Atlantique sont donc globalement stables et varient avant tout en fonction de la demande: elles connaissent un pic autour du 15 août et surtout pendant les fêtes de Noël, soulignent les professionnels. La chute du prix du «homard canadien» a donc peu d'impact sur son cousin breton. «Ce n'est pas la même race», tonne le poissonnier breton. Contrairement à son homologue américain, le homard made in France reste donc un produit rare… et cher.
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